Prince de conte de fées, c’est un boulot sympa. Il y a les princesses à sauver, les dragons à trucider, des licornes à chevaucher et des trésors à ramasser. Sans parler des voyages vers les 1001 nuits et ses harems, et toutes ces terres lointaines à découvrir. Sauf qu’avec Dickie, ça ne se passe pas tout à fait comme ça. Il est un peu empoté et, surtout, il n’a pas de chance. Quand il agrippe la tresse de Raiponce, c’est la belle qui dégringole ou quand il croit avoir dompté le dragon cracheur de feu, c’est d’un autre orifice que jaillissent les flammes.
Une imagination débordante
Dans cette relecture jubilatoire des contes de fées, il y a aussi Vickie, qui est un peu son pendant féminin. Tantôt Blanche Neige, elle doit composer avec des nains lubriques. Sous la capeline du Petit Chaperon rouge, elle est bien contente d’être débarrassée de sa mère grand et quand elle se fait sirène en mal d’amour, ses manœuvres de séduction finissent toujours en queue de poisson. Tout ce petit monde est issu de l’imagination débordante du dessinateur flamand Pieter de Poortere. Baptisé Boerke au plat pays, Dickie s’est aussi glissé dans l’uniforme brun du fils d’Hitler, a visité Hollywood ou pris un siège sur l’arche de Noé. Partout où règne la bêtise, Dickie triomphe.
Purement visuel
L’humour est trash et absurde, sans second degré. Le trait est épais, les silhouettes rondes et trapues comme des Playmobil. À la différence du champagne, les planches de Dickie n’ont pas besoin de la moindre bulle pour rendre joyeux. Calquées sur un format immuable de 12 cases, le comique purement visuel de de Poortere fait mouche. Dans les grandes doubles pages qui ouvrent et ferment l’album, son graphisme faussement naïf se fait enluminure pour nous convaincre que si tous n’ont pas pu vivre heureux, au moins, ils ne se sont pas ennuyés !
Prince Dickie de Pieter de Poortere, Glénat, 56 pages, 15,50 €
Disponible sur BAZAR e-SHOP