Les mystères de l’univers

Gilles Bechet -

C'est la rencontre de deux artistes. Tellement complices qu'ils ne travaillent pas souvent ensemble. C'est la rencontre de deux matières. L'aluminium, ruisselant de lumière, et l'asphalte, opaque et granuleux. Michel François et Ann Veronica Janssens n'avaient pas créé d'œuvres en commun depuis leur intervention au pavillon belge de la biennale de Venise en 1999.

 

© Isabelle Arthuis
Dans le cycle « Des gestes de la pensée », Guillaume Désanges a invité les deux artistes à investir ensemble la Verrière Hermès. Je sentais, entre leurs œuvres respectives, des correspondances invisibles, trouvant chacun comme une part manquante de l’autre. Cette collaboration s’est placée sous le signe d’une autre rencontre. Nous avons commencé par envisager une multitude de projets et au moment où on a dû prendre des décisions, Philae entrait en contact avec Tchouri. C’était la rencontre improbable entre un objet technique hypersophistiqué envoyé rejoindre un rocher infertile et indifférent en orbite à 500 millions de kilomètres de la Terre, explique Michel François.

 

© Isabelle Arthuis
Sur un bloc compact noir, impénétrable, lointain cousin du monolithe de 2001, est posée une sculpture en aluminium froissé comme prête à se déployer. Ces matériaux simples, banals, passés entre les mains des artistes sont métamorphosés, poétisés. La taille et la forme des sculptures suscitent une forme d’émerveillement. Une fine fente dans un mur, brûlée par une lumière aveuglante, invite à passer dans une autre dimension, un monde parallèle. Sur le sol, une traînée noire constellée de paillettes, comme l’ombre figée d’un mouvement en suspension.

 

© Isabelle Arthuis
Michel François a les pieds sur terre et Ann Veronica Janssens, la tête dans les étoiles. Ou peut-être est-ce l’inverse finalement. Il serait vain de chercher la main de l’une ou la paume de l’autre. Ce n’est pas le travail de l’un qui se superpose ou complète le travail de l’autre. Ce n’est pas une fusion de deux personnes, c’est autre chose, c’est le résultat du travail à quatre mains d’un troisième artiste, note Ann Veronica Janssens.

 

© Isabelle Arthuis
Chaque élément est en place. Tout semble sous contrôle, mais c’est seulement un chaos contrôlé. On nous a confié un espace situé au bout d’un magasin qui vend des objets d’artisanat très sophistiqués, cela nous a poussés à proposer une autre manière de créer à partir de gestes extrêmement simples. Cette exposition rassemble des éléments et des matières très communs avec lesquels on a improvisé sur place. On a continué à travailler dans la Verrière comme dans un atelier avec son espace et sa lumière qui deviennent des éléments sculpturaux, confie Michel François. Philae a rencontré Tchouri, ils ne seront plus jamais pareils.

 

Ann Veronica Janssens – Michel François, Philaetchouri, jusqu’au 30 avril 2015 à La Verrière, 50 boulevard de Waterloo, 1050 Bruxelles, www.fondationhermes.org
Du lundi au samedi de 11 h à 18 h