Franchement, c’est quoi l’amour à la fin ?, demande un des personnages de Kwon Yong-deuk dans une des nouvelles de son recueil. On découvre à première vue que les choses se passent à peu près de la même façon en Corée du Sud. Le dessinateur de manwha raconte ses déboires avec les filles, les tromperies, les rendez-vous manqués et les téléphones portables qu’on laisse vibrer. On relèvera quand même que lorsqu’on veut faire sourire un groupe qu’on photographie, on ne leur demande pas de dire cheese ou spaghetti mais kim chi, c’est-à-dire chou fermenté. À chacun ses trucs.
Des histoires de filles et d’alcool fort
Dans les huit nouvelles qui forment ce recueil, le dessinateur lâche la bride à son dessin qui passe d’un trait un peu caricatural à la Simpson à une ligne plus semi réaliste des bouches à la Simpson. Bientôt quarantenaire, le dessinateur se montre désabusé, parfois cynique. Comme s’il courait après le grand amour tout en étant persuadé qu’il ne le trouvera jamais. Au-delà des déboires d’un auteur de B.D. alternative qui ne roule pas sur l’or, des histoires de filles et d’alcool fort, Kwon Yong-deuk raconte le boulot, la réussite, l’argent, les liens avec les parents. Et c’est là que ça devient vraiment intéressant.
Une société assez rigide
La société coréenne n’est pas tout à fait comme la nôtre. La réussite, l’argent y sont des obsessions. Quand il rencontre des anciens copains de fac, le premier sujet de conversation en dehors des relations amoureuses et du mariage, c’est l’argent qu’on gagne ou pas. Transparaît aussi une société assez rigide et machiste où les filles cherchent d’abord à se caser et se montrent étonnamment laxistes avec les infidélités de leur mec. Dans la dernière histoire – la plus belle – l’auteur change de point de vue et prend celui d’une femme, une éditrice croisée dans la précédente histoire et qui doit se dépêtrer tout en finesse avec des parents au couple bancal et un fiancé qui est aussi son supérieur au boulot et dont elle ne veut pas. Elle prend sa liberté. Comme elle a eu son permis, son père lui a filé sa vieille bagnole. Sur l’autoroute, la voie est dégagée.
Des filles de ma connaissance, Kwon Yong-deuk, éditions Atrabile, 188 pages N/B, 19 €
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