Festival d'art lyrique, opéra sans toit ou orchestre nerveux prêt à imploser en plein coeur du Grand Théâtre de Provence, la musique est au programme de l'été, dans le sud de la France. Retour sur tambours et prochains spectacles.
Si Mozart savait…
Si celui qui prônait l’applaudissement silencieux avait imaginé un instant que les musiciens du Freiburger Barockorchester quitteraient leurs sièges et clapoteraient à bras levés sur scène leurs partitions de papier afin de mimer des oiseaux en plein vol pour une mise en abîme familière, sans doute en aurait-il perdu sa perruque.
« La flûte enchantée » mise en scène par le fascinateur et novateur Simon Mc Burney est une révélation dans laquelle l’amour triomphe. La soprano, reine de la nuit, Albina Shagimuratova, entonne son légendaire chant Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen en fauteuil roulant du XXIe siècle. Rencontre d’une réalisation fantastique pleine d’effets spéciaux et d’un Mozart électrique.
Le miracle de cet opéra des Lumières commence au bout de la baguette du chef d’orchestre Pablo Heras-Casado et se termine en trombe dans nos mains, par nos applaudissements retentissants.
La flûte enchantée de Simon McBurney au Dutch National Opera, 22 waterlooplein, 1011 PG Amsterdam, les 4, 6, 9, 12, 15, 17, 19 22, 24 et 27 mars 2015 à 19 h 30. Entrée : àpd 15 €. T. +31 20 625 5455, www.operaballet.nl
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On applaudit aussi Rossini
Quand Christopher Alden met en scène « Il Turco in Italia » , c’est pour nous faire découvrir la musique de Marc Minkowski et d’un opéra bouffe de séduction, de frontières et de fascination, mettant au diapason les musiciens du Louvre Grenoble déchaînés sous les feux de l’action, en plein air au Palais de l’Ancien Archevêché d’Aix-en-Provence, sur l’oeuvre italienne aujourd’hui la plus jouée (oeuvre qui s’était soldée par un incommensurable échec à sa sortie en 1814).
Ce qui fait l’originalité d’ « Il Turco in Italia » par Alden ce n’est pas Rossini cette fois ni l’auteur du livret d’opéra mais bien l’auteur de l’histoire, inventé de toutes pièces. Le baryton Prosdocimo se permet une multitudes d’interventions durant la représentation. Il interrompt et il corrompt, allant même jusqu’à pousser Don Geronio, mari trompé, à plonger le pied en premier dans les affres d’un orchestre prêt à le réceptionner. Heureusement, Prosdocimo prévient son protagoniste désemparé contre ce malheur du destin et change les lignes de son récit.
Il Turco in Italia de Christopher Alden au Teatro Regio, 215 Piazza Castello, 10124 Turin, Italie, les 12, 14, 15, 17, 18, 19, 20, 21 et 22 mars 2015. Entrée : àpd 35 €. T. +39 011 88 15 557, www.teatroregio.torino.it
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Rameau émeut…
L’opéra bouffe italien avait besoin d’un concurrent qui relève la grandeur de la musique traditionnelle française. Il l’a trouvé à l’époque chez Jean-Philippe Rameau dont Le festival Radio France Montpellier Languedoc Roussillon célébrait cette année les 250 ans.
C’est sous la direction de Raphaël Pichon que L’Ensemble Pygmalion s’est donné à « choeur » joie de représenter délicatement l’acoustique baroque de la version de 1754 de Castor et Pollux.
Une tragédie qui en dit long sur l’amour et ses raisons, sur la jalousie qui emprisonne et la fraternité qui pardonne pour laisser place à l’immortalité.
Ce que Raphaël Pichon nous propose n’a rien de spectaculaire et pourtant, durant le concert, ses instructions font très bien l’affaire. Le chef d’orchestre reste naturel et au plus proche de la musique engagée d’un Rameau qu’il manie parfaitement. À écouter ici.
Toute l’info et l’actualité de l’Ensemble Pygmalion sur www.ensemblepygmalion.com
Tharaud et son piano…
Alexandre Tharaud maîtrise son piano autant que le vent s’approprie le chant d’un oiseau. Le 25 juillet dernier, il donnait au Corum de Montpellier un récital incluant des suites de Mozart, adagietto romantique de Malher et sonates de Beethoven. Ce pianiste passionné depuis l’âge de 5 ans s’accapare cette saison des partitions peu connues de Mozart auxquelles il s’accorde à ne pas faire sonner de fausses notes. Telle est la clé de son succès aujourd’hui et depuis tant d’années. Celui qui joue du piano partout excepté chez lui, celui qui fait passer ses propres compositions après ses classiques et contemporaines interprétations a conquis nos coeurs et quitte la salle de l’opéra Berlioz finalement ce soir-là, après être revenu trois fois sous nos applaudissements, rêveur.
Toute l’info et l’actualité d’Alexandre Tharaud sur www.alexandretharaud.com
Le Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence 2015, du 1er juillet 2015 au jeudi 23 juillet 2015, www.festival-aix.com
Festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon, du 10 au 25 juillet 2015, www.festivalradiofrancemontpellier.com