C’est une aventure qui a commencé avec un appareil photo trouvé par hasard par un jeune graffeur de 17 ans sur un quai de RER. Et JR a vite trouvé sa signature : des portraits noir et blanc d’anonymes démultipliées, gigantifiés et collés sur les murs des villes, sur des trains, ou des containers. Artiste autodidacte, JR se réinvente de projet en projet. Des cités de la banlieue parisienne au New York City Ballet, il plonge dans le regard de la vie.
Un mur sépare Israël de la Cisjordanie. Un mur synonyme de dialogue impossible. En 2007 JR va y coller côte à côte des immenses portraits d’habitants des deux bords exerçant le même métier, des épiciers, des artistes, des écoliers, des religieux, des agents de sécurité. Il suffit d’un clic et la mécanique de l’humain se met en route. Les uns, les autres acceptent de poser, imaginent des grimaces, celui-ciprête son mur, ceux-là aident à coller. Impossible le dialogue ?
Utopiste JR ? Après tout, ce ne sont que des images, mais derrière les images il y a des gens. Il a fait son premier collage grand format dans la cité des Bosquets à Montfermeil avec cette photo prise avec les jeunes du quartier. Ladj Ly, au centre de l’image, pointe une caméra face au spectateur. Image de guerre, image de paix. Les pots n’ont bien sûr pas empêché les émeutes qui ont suivi en 2006, mais elle ont donné à voir à ceux qui vivent loin des blocs derrière les épithètes qu’on leur lance à la tête, il y a l’insolence du désespoir.
Ses images ont parcouru le monde. Woman Are Heroes, des favelas de Rio aux containers du port du Havre, les visages et les yeux de femmes anonymes ont regardé le monde et réclamé de l’attention. La confrontation entre ces portraits gigantesques et les paysages qui les cachent est magique, puissante. Avec Inside Out, JR s’efface encore davantage pour devenir une idée qui se partage et se répand dans les villes de 120 pays grâce à des cabines photographiques itinérantes équipées d’imprimante géantes. Le voyage est fascinant.