Hervé Di Rosa a forgé son imaginaire foisonnant et délirant dans la bande dessinée qu’il dévorait enfant. Figure majeure de la figuration libre des années 80, il a bousculé joyeusement la peinture et l’art par ses créations inclassables. Entretien grand format
Trente ans plus tard, Hervé Di Rosa a senti qu’il était temps pour lui d’honorer sa dette à l’égard de ces petits mickeys dessinés par tous ces artisans, géniaux mais modestes, qui ont infusé dans ses dessins, parfois même à son insu.
Ce ne sont pas des hommages, des relectures ou des pastiches, précise l’artiste, C’est pour ça que ça m’a pris autant de temps pour faire ces 18 toiles. Il m’a fallu une vraie introspection de trois, quatre ans pour me raconter la vraie importance de tous ces auteurs de bande dessinée qui par capillarité m’ont influencé, modestement mais de manière très durable.
Avec leur unique oeil noir et leurs grosses bouches, les Renés colonisent ce voyage intérieur en BDland. Pour ne pas s’y aventurer seul, Di Rosa a convoqué ses personnages fétiches. En armée compacte au casque pointu pour retrouver le trésor du fantôme espagnol, coiffés de bonnets de lutins dans une forêt magique qui a vu passer quelques Schtroumpfs ou en légionnaires hétéroclites sur un trottoir de la Rome antique autrefois foulés par le vaillant Alix. Les Renés sont partout.
Tintin n’était pas ma BD préférée, je trouvais ça très bourgeois. Avec les albums en noir et blanc et les éditions originales qu’on a réédités, j’ai découvert un maître du graphisme. Je me suis aperçu qu’il avait beaucoup plus influencé mon dessin que je ne le croyais. Il y avait dans ses tous premiers albums un génie du trait et de l’efficacité. Dans ces moments, là il atteint la puissance des dessins de Steinberg ou que Matisse.