En 1516, Thomas More inventait le terme Utopie dans son ouvrage monumental Utopia qu’il publiait à Louvain. Et aujourd’hui que nous dit l’utopie ? Est-ce renoncer au présent pour un avenir incertain, peut-on se contenter d’une demi-utopie ? En marge de la grande exposition consacrée à cet événement, 5 artistes contemporains ont investi 5 sites dans la ville pour franchir les frontières de l’Utopie avec une œuvre qui questionne notre présent.
En 1534, les anabaptistes suivent leur guide éclairé Jan van Leiden pour créer à Münster la cité idéale d’un monde nouveau dont ils seraient les élus. Le français Martin Le Chevallier revient sur cet épisode peu connu par un film diptyque qui offre une reconstitution minimaliste et raffinée avec sur un écran, deux soldats venus libérer Münster de l’occupant et sur l’autre, la situation à l’intérieur de la ville emmurée.
Protéger la forêt tropical amazonienne, c’est protéger notre avenir. La survie de l’humanité devient-elle une utopie ? Dans une installation multimédia riche en documents et témoignages Ursula Biemann et Paulo Tavares analysent un conflit qui fait rage dans la région tropicale dans le sud de l’Equateur, riche en pétrole et minerais.
Avec son installation Boven de muur qui trace une passerelle entre les jardins privés des maisons bordant le parc municipal et l’espace public, Adrien Tirtiaux rend les choses concrètes. L’utopie, c’est d’abord une idée, que se passe-t-il quand on cherche à la mettre en pratique ? se demande l’artiste. Comment le belge individualiste peut-il partager son chez soi et accepter le passage du public par dessus son jardin ? Par une succession d’escaliers, ponts et plateformes, l’artiste relie les envies et besoins individuels pour créer une sculpture sociale que l’on parcourt en gardant un œil sur les jardins à gauche et l’autre sur le sentier qui longe le parc à droite.
La terre, et plus particulièrement les régions désertiques de la Californie du sud, apparaît comme une entité incomprise et fragilisée qui se craquèle et se fissure par la brutalité des hommes dans l’œuvre vidéo des anglais de Otolith Group .
Imprégnée du réalisme de Constantin Meunier, l’oeuvre de l’artiste américain Allan Sekula prend possession l’ancien théâtre anatomique de la faculté de médecine qui fut aussi l’atelier de l’artiste belge sous la forme d’un musée imaginaire dédié aux forces ouvrières de la mine et des docks à partir d’archives du Mukha et de documents achetés sur Ebay.
Tracing The Future, parcours urbain
Jusqu’au 20.11.16
The Otolith Group, Medium Earth (2013), Bibliothèque Universitaire KU Leuven, Monseigneur Ladeuzeplein 21, 3000 Leuven
Adrien Tirtiaux, Sint Donatus Park
Martin Le Chevalier, Münster (2016),
Ursula Biemann & Paulo Tavares, Forest Law (2014)
KADOC, Vlamingenstraat 39, 3000 Leuven
Allan Sekula, Mining Section (Bureau des mines), Ship of Fools / The Dockers’ Museum,
Théâtre anatomique, Minderbroederstraat 52, 3000 Leuven