Ils se sont bruxellisés. Vingt-trois photographes, parfois belges, souvent étrangers, ont été invités par la galerie Contretype à un séjour en résidence à Bruxelles. Pour en faire un portrait extérieur ou intérieur.
Loin des monuments ou paysages attendus, les artistes se sont laissé imprégner, submerger par la ville pour ensuite la soumettre à leur vision singulière. Ce projet, initié par Jean-Louis Godefroid en 1997, donne lieu à une exposition et à un livre. C’est une ville nouvelle qui se dévoile, démultipliée à l’infini par les visages, les corps, les lieux, les paysages qui dessinent aussi une géographie inédite de la photographie contemporaine.
Je viens de la Côte d’Azur. À Bruxelles, j’ai découvert une lumière très basse, une ville très peu colorée. En réaction, Sébastien Reuzé a voulu porter un regard exotique. C’est un point de vue étrange et contemplatif nourri par des expériences avec les psychotropes. J’ai passé la journée à marcher dans des zones de la ville que je ne connaissais pas. Photographier, c’est apprendre à aimer. J’aime les images ambigües où flotte quelque chose d’incertain qui révèle ou réinvente la réalité.
Qu’est-ce qu’on livre de soi dans un portrait ? se demande Chantal Maes. Je m’intéresse aux micro-changements induits par la rencontre avec l’autre. Quand les gens sont en interaction avec un autre, mille choses pratiquement imperceptibles passent dans la tête dont une infime partie se marque dans le regard, dans un visage. La photo me permet de capter ces interactions triangulaires.
Dans la maison familiale où Erika Vancouver a grandi à Molenbeek, ses parents tenaient une sellerie. Ce commerce était le socle de l’organisation familiale. Ca faisait pas mal d’années que je n’y habitais plus. J’y suis revenue alors que la maison était pratiquement vide, complètement transformée. Ces photos où apparaissent mes parents interrogent la mémoire et l’identité familiale. Je me suis intéressée à la représentation de l’espace que j’ai abordé comme une sculpture, avec une grande attention à la couleur.
Brussels Unlimited, jusqu’au 28 septembre, CENTRALE for contemporary art, 44 place Sainte-Catherine, 1000 Bruxelles, T. +32 2 279 64 35/52 www.centrale-art.be