Sale temps pour les abeilles ! Les signaux d’alarme se multiplient. Ces merveilleux petits insectes qui travaillent à l’équilibre de la planète sont menacés par l’industrialisation de l’agriculture et l’emploi irraisonné de produits toxiques. Paradoxalement, elles semblent se porter de mieux en mieux en milieu urbain. Une ville comme Bruxelles compte plusieurs centaines de ruches. Mais là ce qu’on peut voir au parc Tournay-Solvay dépasse l’entendement. Des abeilles géantes semblent avoir colonisé la Villa Blanche, merveille art déco, devenue un lieu d’accueil artistique.
Une autre dimension
Pas de panique. Les insectes pollinisateurs ne sont qu’un des éléments de l’installation de l’artiste Jean-François Fourtou. Et le plus étonnant ne s’arrête pas là. Des meubles qui semblent avoir été expulsées par portes et fenêtres sont attachés à la façade de céramique blanche par un entrelacs de roseaux tressés. Pour entrer, il faut ouvrir la porte d’une des armoires qui bloquent l’entrée de la villa. Baisser la tête. Comme si on entrait dans une autre dimension. Ou dans un rêve. Dans la grande pièce de séjour toute blanche, des abeilles géantes, sur les murs, sur le plafond, brillantes et immobiles. Il y a aussi des pots de miel, des alvéoles translucides et des personnages en combinaison blanche qui recueillent le précieux nectar. L’effet est surprenant.
Cohabitation incongrue
Jean-François Fourtou est l’auteur d’une œuvre polymorphe où il mêle ses souvenirs d’enfance à des sculptures d’animaux disproportionnés qui colonisent les espaces de vie humains en créant une cohabitation incongrue. En 2003, on a pu découvrir à la Verrière Hermès, une partie de La Maison du Géant, une rêverie où les objets et mobiliers dédoublés d’échelle correspondaient à la perception d’un enfant de quatre ans dans la maison de son arrière grand-mère. En 2011, c’est la maison de son grand-père qui déboule dans la palmeraie de Marrakech comme si elle était tombée du ciel après qu’il la lui ait renvoyée après sa mort.
Introspection familiale
Dans un décor de palmiers, une petite maison typique de Charente Maritime se retrouve tête en bas, le sol devenu plafond et inversement. La galerie Aeroplastics en avait exposé des éléments en 2011. A Lille en 2012, il réédite l’expérience avec une maison flamande dans laquelle on entre en enjambant les fenêtres. Il poursuit son introspection familiale avec les meubles de sa tante Louisette qu’il trimbale d’installations en Galerie jusqu’à occuper la Villa Blanche aujourd’hui.
En 2014, il invite des abeilles dans son domaine marocain de Dar el Sadaka. Elles sont grandes, très grandes. Il leur a construit une maison ruche tout alvéolée. Et ces abeilles le suivent, dans sa tête et dans ses valises, un peu partout où il va et où il habite, comme dans le parc Tournay-Solvay.
Curiosité et la transversalité
Les Abeilles de Bruxelles est un projet de Out of the box, une structure scolaire alternative pour des élèves en décrochage. 25 jeunes y suivent un enseignement qui privilégie la curiosité et la transversalité à travers des ateliers, des rencontres, des sorties et des invités.
Dans la Villa Blanche, les deux armoires immédiatement à droite de l’entrée donnent accès à une petite pièce, pleine à craquer des meubles de Louisette. On y projette un film La démocratie des abeilles où les jeunes de Out of the Box partent à la découverte de l’organisme vivant qu’est la ruche. Des êtres vivants pas très grands mais qui, par leur intelligence collective, ont beaucoup à nous apprendre.
Lire ici l’interview grand angle de Jean-Francois Fourtou
L’exposition Les Abeilles de Bruxelles est accessible jusqu’au 10 septembre 2017, du jeudi au dimanche, de 11 à 17 heures
Villa blanche du Parc Tournay-Solvay, Watermael-Boitsfort
Accès par la chaussée de La Hulpe, parking SNCB à l’entrée du parc (Entrée libre)
infos out of the box: http://www.ofthebox.be/