Il lui suffit de peu de choses, une pelure d'orange, une boîte de Lego, un réverbère ou un saucisson en bronze pour transformer le quotidien. Malicieux, il propose une mise à jour de la statue de Peter Pan dans le parc d'Egmont en convoquant un lapin pour offrir une canne de vieillesse à l'éternel enfant, à l'occasion de son centenaire. Christophe Terlinden est un artiste conceptuel qui n'en fait jamais trop.
Un père architecte. Des études de gravure à La Cambre. Puis de sculpture dans l’espace urbain et rural. Le parcours artistique de Christophe Terlinden est sinueux: dessins, sculptures, installations, performances, objets détournés. Il n’a pas de technique privilégiée. L’idée d’abord, l’exécution ensuite. Ne pas avoir de technique peut être vu comme une force. Je n’ai pas d’atelier. Je bricole mes idées sur la table de la cuisine et je trouve les gens les mieux à même de les réaliser. Ça ne veut pas dire que je n’ai pas envie parfois d’avoir un atelier.
Rendre son œuvre totalement accessible relève de l’utopie, mais l’artiste se prend au jeu. Une expo sans une galerie qui se limite à un numéro vert où l’on entend Ghalia Benali enrober une suite de chiffres sur une mélopée arabe. Dans un distributeur bourré de boules à surprises, Christophe Terlinden propose au public d’acquérir une de ses œuvres pour une pièce de 2 €. Au hasard, tombe une de ses photos chiffonnée pour entrer dans son oeuf de plastique. Une image banale à deux balles. Sans grands effets, il questionne la relation aux œuvres d’art et au marché.
Christophe Terlinden est un artiste de la récupération. Dans le projet « Lum » en 2000, il utilise les fenêtres des tours bruxelloises, mal aimées dans le paysage urbain, pour adresser des messages aux citadins. De débris de l’horloge de la gare du quartier Léopold, oeil jaune dans le gris de l’Europe, il recrée le puzzle du temps. D’un reste de calendrier de restaurant chinois, il façonne une petite voiture porte-bonheur pour Europalia Chine. Il aime aussi récupérer les idées. Quand quelque chose ne fonctionne pas, il y a toujours une manière de rebondir. Ce n’est jamais fermé, ça peut changer jusqu’au dernier moment.
Plus qu’une approche minimaliste, Christophe Terlinden cherche la simplicité de l’évidence. Des idées, j’en ai tout le temps. Après, il faut faire un choix, il suffit d’être attentif. J’aime bien m’étonner moi-même. L’artiste pose les mêmes questions que tout le monde se pose, mais il apporte des réponses différentes et du plaisir.