Avec cette chronique d’une famille louviéroise sous l’occupation, Flore Balthazar signe un récit prenant centré sur d’attachants personnages féminins.
Un journal de guerre
Il y a la guerre des livres d’histoire, celle des politiques et des militaires et puis il y a celle du quotidien, à l’écart du front. Quand elle était gamine, Flore Balthazar entendait souvent sa grande-tante Marcelle raconter le quotidien de la seconde guerre mondiale à La Louvière. L’occupation, les privations, un mari prisonnier de guerre en Allemagne et puis cinq enfants à éduquer en ces temps troublés. Marcelle, alors adolescente, a eu la bonne idée de tenir un journal qui est le point de départ de ce récit en bande dessinée qui raconte ces cinq années où les loups de l’Est, assoiffés de sang ont envahi les territoires voisins.
Une famille « normale »
La guerre a d’abord fait irruption par une annonce à la radio, un triste mot encore vide de sens pour la jeune fille. Puis est arrivé la mobilisation pour les hommes valides, l’exil pour certaines familles et puis l’arrivée des uniformes vert-de gris. Ceux avec qui il fallait se montrer conciliant et discret puisqu’ils étaient les occupants. Mais pour les enfants, l’école continue, tant bien que mal. Le récit, où Flore Balthazar mélange habilement les personnages et le récit familiaux à des éléments de fiction, raconte comment une famille « normale » vit cette période sans grand drame mais avec des fissures parfois douloureuses ou prémonitoires dans la réalité. Car Les Louves est d’abord une histoire de femmes, il y a la maman, Marcelle et sa sœur Yvette et puis l’institutrice. Des femmes qui dans ce contexte historique particulier ont su faire preuve d’esprit pratique, du sens des responsabilités et de courage quand il le faut. Par petites touches, on comprend aussi que la société, et la famille ne réservent pas le même avenir aux filles qu’aux garçons. Une fille ne va pas à l’université. L’école normale, c’est déjà bien assez.
La loi de la guerre
Comme dans toute histoire de guerre, il y a aussi les aviateurs anglais qu’on recueille et Thyl l’espiègle la feuille patriote glissée sous la porte par les membres de la résistance. Même si on n’est pas dans une histoire d’action, les interrogatoires musclés menés par l’occupant et les victimes civiles de la guerre sont traités avec pudeur sans être occultés. Il est piquant de noter que les bombardements les plus lourds en pertes civiles et en destruction furent le fait de l’aviation alliée, en mars 44. Mais ça c’est la loi de la guerre. Flore Balthazar qui s’est lancée dans le métier avec des bandes dessinées plus spécifiquement orientées vers la jeunesse a eu le sentiment, avec cet album, d’avoir progressé comme auteure. Et Tantelle Marcelle aura élargi son auditoire.
Les Louves, Flore Balthazar, Dupuis, 200 pages, 18 €
Disponible sur BAZAR e-SHOP
Exposition Les Louves
Les planches de l’album sont accompagnées de photos tirées des archives Daily-Bul qui montrent La Louvière pendant la guerre.
Centre Daily-Bul & C°
Du 24/02 au 15/04
14 Rue de la Loi, 7100 La Louvière
Ouvert du mardi au vendredi
de 13 h à 17 h