En gallois, Gast signifie chienne. Et cela peut concerner les animaux autant que les humains. Comme l’héroïne de cette B.D., Helen, une adolescente qui vient de s’installer avec ses parents dans un village reculé du Pays de Galles. Intriguée par le suicide d’un fermier voisin, elle cherche patiemment à comprendre les motivations du vieil homme et découvre un oiseau rare, friand de maquillage.
Réalisme magique
Loin de la ville, là où les humains ont la parole rare, chiens, béliers et oiseaux parlent avec sagesse sans qu’Helen ne s’en étonne. Dans une ambiance où le naturalisme se teinte de réalisme magique, Helen mène une enquête qui a tout d’une quête initiatique. En s’inscrivant dans l’intimité d’un homme qu’elle ne connaissait pas, elle cherche à se connaître elle-même et à mieux accepter le monde tel qu’il est.
Un souffle cinématographique
Quatrième roman graphique de Carol Swain, personnalité singulière de la bande dessinée anglaise, « Gast » a la rudesse et la poésie des chansons d’une autre citadine exilée à la campagne, P.J. Harvey. Avec des moyens assez limités et un style noir et blanc plutôt minimaliste, Swain parvient à insuffler un souffle cinématographique à son récit tout en subtilité. Dans de longues séquences souvent muettes, elle use du découpage comme des mouvements de caméra pour emporter le regard au-delà de l’horizon.
Gast de Carol Swain, Çà et Là, 176 p., 24 €