Avec Shy Girl, son quatrième album, la chanteuse bruxelloise Sarah Carlier réussit une collection de chansons aux arrangements colorés, portées par sa voix claire au groove nonchalant.
Prendre mon temps
C’est l’histoire d’une jeune fille timide qui a baigné dans la musique de son père et les textes de sa mère. Sarah Carlier commence à jouer et écrire des chansons qu’elle poste sur You Tube pour sortir du cocon de sa chambre. Portée par la première vague de crowfunding musical, elle sort sur le label Akamusic son premier album For Those Who Believe en 2011. Après un album live, et l’album SMS où s’affine son style folk soul porté par une voix claire et lumineuse et un groove naturel, elle décide de faire une pause. J’ai décidé de prendre mon temps, de me demander, ce que je voulais faire et comment y arriver sans céder à la pression du temps. Guitariste autodidacte, elle découvre le potentiel du homestudio et les joies de l’autoproduction. J’ai développé mes compositions à mon rythme. Je n’avais pas de règles, je pouvais expérimenter. Ensuite j’ai retrouvé le studio SynSound et Dan Lacksman avec qui j’avais déjà travaillé. On est parti de mes maquettes qu’il a lissées en mettant en évidence les choses qui valaient la peine d’être entendues.
Faire avec ce qu’on est
Shy Girl est l’aboutissement de ces quatre années de fructueux tâtonnements et de plaisir musical. L’album est court et dense. Les chansons chaloupent entre soul, R&B, pop avec des touches de jazz ou de reggae. Subtils et discrets, les arrangements colorent chaque titre d’une palette aux accents et sonorités différents comme si on visite une grande maison où chaque pièce est décorée de nuances particulières. Le son, aéré et chaud, est truffé de petites surprises et de mélodies portée par une voix claire et sans artifices qui fait le lien entre le trip hop de Curve the Angles, le reggae de I’ve Done My Share, un If You Go en suspension sur un tapis de cordes ou encore l’irrésistible ballade cotonneuse et sensuelle Shy Girl.
La fille timide du titre, c’est évidemment elle. C’est la raison pour laquelle je chante et je fais de la musique. Cela fait partie de moi, même si ça peut paraitre paradoxal quand on fait un métier public. On doit faire avec ce qu’on est plutôt que de se forcer à être à côté de ses baskets.
L’orchestre de la nature
L’album s’ouvre avec Colors Are Beauties qui est une bouffée d’optimisme, jamais sirupeux. En entendant sa voix, on a l’impression de découvrir avec elle les couleurs pour la première fois. Je suis pleine d’amour. J’ai un côté bisounours. Il est là et je l’assume. On est à une époque où il n’est pas très sérieux de parler d’amour et de bienveillance. Peu importe que ça réussisse ou non, c’est ce que j’ai envie de donner. Dans le passé, j’ai eu parfois l’impression de trop devoir m’adapter. Maintenant je relativise.
Dans le clip de Nation of Love, elle dirige l’orchestre de la nature, et c’est comme si toute la forêt lui chantait Love is the answer.
Shy Girl, Sarah Carlier CD Deninga Music, 11 titres, 34 minutes
Release Concert au Botanique 1er décembre 2019