Dans un rayon de soleil est un récit de science fiction atypique. L’auteure américaine Tillie Walden nous emmène dans un récit d’amour fou dans l’infini de l’espace, mêlant aventure, poésie baroque et un brin d’esprit queer.
Brasier cosmique
On dit que la distance est à l’amour ce que le vent est au feu. Elle éteint le petit et attise le grand. Que dire quand ce sont des années lumière qui séparent deux amours ? Le brasier prend alors des dimensions cosmiques. C’est ce qui arrive à Mia, jeune adolescente qui tombe amoureuse de Grace, une jeune fille rebelle qu’elle rencontre dans son lycée, vaste bâtiment organique flottant dans le velours constellé de l’espace. Puis un jour, Grace doit quitter le lycée pour rentrer chez elle aux confins de la galaxie. Mia n’a pu lui dire au revoir. Elle est dévastée, mais elle sait au plus profond d’elle-même qu’un jour elle reverra.
Espace romantique et insondable
Curieux croisement de comédie-romantique adolescente avec un space opera cosmique sans extraterrestres ni technologie futuriste, Dans un rayon de soleil est signé par Tille Waldlen une prometteuse jeune auteur américaine à l’univers très personnel avec un brin d’esprit queer. Elle reconnait d’emblée n’avoir jamais été une grande fan de SF, les films du genre l’ennuient et au collège elle était plutôt nulle en sciences. Du coup, elle a imaginé, un univers qui lui ressemble, dans lequel elle aimerait vivre. Et c’est ce qui fait tout le charme de ce roman graphique. Les décors sont organiques, baroques. C’est un espace romantique et insondable, parsemé d’une multitudes d’étoiles sous lesquelles on a envie de rêver et s’évader quand on est amoureuse. Le vaisseau dans lequel elle embarque ressemble à ces poissons tropicaux aux nageoires comme des voiles. Et surtout on remarque assez vite qu’il n’y a aucune présence masculine dans cet univers. Elle ne l’explique pas et on s’en fout complètement.
Absolu des sentiments
Dans un rayon de soleil a été d’abord publié chapitre par chapitre sur le web. Quand elle a commencé, Tillie Walden ne savait pas où elle allait, se laissant guider par son inspiration et son envie de faire vivre ses personnages. Le récit suit en parallèle, et en alternance, les années de lycée, et puis la quête de Mia pour retrouver Grace. Au lycée Cleary’s, il y a les grandes salles de cours, sous les étoiles, les jeux par équipe et puis les confidences dans les dortoirs. Après ses études, elle intègre un équipage chargé de restaurer d’étranges et vieux bâtiments déserts flottant dans l’espace. Et c’est avec son équipage qu’elle part à la recherche de Grace, partie dans dans l’Escalier, une région inhospitalière au plus profond de l’espace.
Légèreté du dessin
Avec beaucoup de finesse narrative, elle arrive dans la deuxième partie de récit à nouer les fils épars qu’elle a tirés dans la première partie, même si elle ne répond pas à tout. Le dessin est léger et aéré. Tillie Walden, qui a séjourné plusieurs mois à Tokyo, ne cache pas son influence de l’univers manga. Cette légèreté et cette souplesse du dessin va de pair avec un sérieux et un absolu des sentiments, typiques de l’adolescence . Pourquoi les adultes sont aussi cons ? A croire que plus on vieillit, plus on oublie qu’on peut changer les choses. se dit Mia
Dans un rayon de soleil, Tillie Walden, 544 pages Gallimard, 29€