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Sudan Archives
Sudan Archives, Athena (c) Stones throw records

CD
Sudan Archives
des beats et un violon

Gilles Bechet -

Avec Athena, la chanteuse et violoniste Sudan Archives, nous envoie depuis Los Angeles d’irrésistibles cartes postales musicales qui explorent de nouveaux territoires du R’n B et du hip hop.

 

 

Il y a d’abord la photo de pochette. Une sculpturale déesse, une Athéna noire en bonze qui brandit un violon comme pour capter l’énergie divine.
Did you know, la première chanson s’ouvre sur quelques notes de violon en pizzicato. Puis vient la voix qui chante Quand j’étais une petite fille je pensais pouvoir régner sur le monde. Un beat qui claque. Savais-tu que la vie n’est pas parfaite ? Poursuit-elle. Cette chanson écrite à 16 ans met en balance l’aplomb d’une petite fille et les insécurités d’une femme adulte. La déesse Athéna sans son armure.

Féminité assumée

Tout est dit. Brittney Parks, alias Sudan Archives, a façonné son premier album autour de son violon, de beats et de boucles électroniques enrichis d’instruments soigneusement dosés pour produire un RnB mutant bourré de rythmes et de mélodies. Sudan Archives est de la trempe des Solange, Erykah Baduh ou Xenia Rubinos ces artistes qui affirment par la musique une féminité noire libérée et assumée. On inverse les clichés. Dans le clip de Nont for Sale extrait de son EP Sink, Sudan se balade au soleil avec sa bande de filles, coupe afro, collier et bagouzes, leur décapotable escortée par une escouade de mecs façon Black Panthers.

Forte personnalité

Associer violon et musique black n’est pas courant. Sudan est une artiste à la forte personnalité. Même si elle a travaillé avec trois producteurs différents, elle a su les accorder à un son et une vision personnels.
C’est enfant que Brittney a eu le coup de foudre pour le violon. Sa mère lui achète son premier instrument qu’elle apprend à jouer à l’oreille en chantant et accompagnant la chorale de son église de Cincinatti.
Brittney Denise Parks a 22 ans quand elle balance sur la toile en 2016, une reprise culottée du King Kunta, le titre emblématique du nouveau prince du rap, Kendrick Lamar. Assise en tailleur sur un tapis dans une bibliothèque, seule avec son violon et quelques bidouillages électroniques elle chante son Queen Kunta.

Nouveaux territoires musicaux

Les 11 chansons et 3 instrumentaux de l’album sont construits comme des assemblages équilibrés de toutes ses influences qui passent par les différentes couleurs du violon, le gospel, les harmonies soul et R’n B et les beats du hip hop.
Glorious et sa mélodie entêtante semble rappeler une gigue irlandaise alors qu’elle s’inspire des chansons qui ont popularisé le violon au Soudan dans les années 40 sous l’influence de la musique égyptienne. Le flow du rappeur D-Eight pimente le mélange pour l’ancrer dans la musique urbaine d’aujourd’hui. Les arpèges mélancoliques de la Black Vivaldi Sonata, la soyeuse et lascive Down on me. Iceland Moss est une délicate et sautillante balade qui va chercher sa douceur dans la mousse d’Islande. Avec Athena, Sudan a ouvert grand ses archives révélant de nouveaux territoires musicaux qu’on ne se lasse pas d’explorer.

 

Sudan Archives, Athena, CD Stones Throw Records, 14 titres 39 minutes