Chaque vendredi, Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres, réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et ses rencontres d’auteurs, d’ici ou d’ailleurs.
Karine Giebel. Un nom réputé parmi les amateurs de thrillers noirs. Pour de bonnes raisons : cette juriste de formation accumule les prix littéraires section polars, ses romans sont traduits dans une quinzaine de langues et ils se sont vendus à plus d’un million d’exemplaires. Karine Giebel était à Bruxelles lors de la Foire du Livre pour présenter Ce que tu as fait de moi, un roman noir qui parle d’une passion dévorante, obsessionnelle, meurtrière. Interview passion.
D’où vient cette passion pour le roman noir ? Vous êtes comme ça au quotidien ?
Non, je ne suis pas aussi dark que dans mes livres, mais je ne suis pas non plus quelqu’un de spécialement optimiste. Notamment sur la nature humaine et sur la société qui nous entoure. Je crois que j’ai les yeux ouverts tout simplement. Ils sont nombreux à ne pas vouloir voir le côté noir du monde dans lequel on vit, ce qu’il s’y passe et toutes les facettes de l’être humain. Dans mes livres, il n’y a pas que les aspects les plus noirs, il y a aussi les facettes les plus belles. Je ne veux ni édulcorer, ni occulter la réalité. Ma vie n’est pas noire, mais l’encre de ma plume l’est.
La passion amoureuse, l’avez-vous vécue ? Comment la décririez-vous ?
Oui, je l’ai vécue, mais pas comme dans le livre. Celle que je décris est une passion qui rime avec obsession, avec destruction, qui emporte tout sur son passage. Je la compare à un tsunami : cela commence par une période de calme et puis tout d’un coup il y a une déferlante et rien ne peut l’arrêter. Impossible de lutter, on se laisse emporter par cette vague qui fait des dégâts monstrueux. Surtout auprès de l’entourage. C’est ce que j’ai voulu décrire. La vraie passion, c’est la souffrance. Et pour certains, c’est même pathologique, ce n’est pas un sentiment normal.
Avez-vous une passion honteuse ?
Honteuse ? Oh, je ne crois pas. J’ai deux passions, l’écriture et la montagne. Même en réfléchissant, je ne me vois pas de passion honteuse. Des petites manies peut-être…
Ecrire, une passion ou un sacerdoce ?
Un peu des deux. Mais c’est d’abord une passion, quelque chose qui m’emporte, contre lequel je ne peux pas lutter. Rien ne peut m’empêcher d’écrire. Je crois que c’est d’abord une passion quand on en arrive là, c’est beaucoup de travail aussi, mais dans le sens des enquêtes à faire, de recherche d’informations, de lecture et de relecture… Mais écrire, je n’arrive pas à le considérer comme un travail, un métier. Pour moi c’est indispensable à mon équilibre.
Plutôt passionnée ou amoureuse ?
La passion, on a tous envie de la vivre. C’est quelque chose d’exceptionnel mais en même temps cela peut détruire, cela laisse des traces. Vivre la passion une fois dans sa vie est très intéressant, mais je pense qu’il vaut mieux être amoureux.
Ce que tu as fait de moi, Karine Giebel, Belfond Editions, 19 €.