Nouvelle exposition du jeune artiste belge Stephan Goldrajch à la Galerie Baronian Xippas. Des peintures textiles qui débordent de couleurs de matières et de sourires.
Stephan Goldrajch a envie de nous rendre heureux. Il ne s’en cache pas. Des sourires, des couleurs vives, des fleurs, des étoiles, des chiens ou des lapins. Ça se bouscule dans un joyeux capharnaüm tricoté, cousu, brodé et crocheté. Car oui, l’artiste ne fait pas ses tableaux avec de la couleur et des pinceaux, mais plutôt avec du fil, de la laine et des aiguilles. Stephan Goldrajch s’est fait connaître avec ses drôles de masques en crochet, hirsutes et colorés.
Pelote de laine
J’ai toujours été attiré par la peinture, mais en même temps, ce n’est pas un truc qui me fait du bien au contraire du tricot et du crochet. Pendant des années, j’ai cherché une solution, alors qu’elle était à portée de main. Dans son sac à dos, il a toujours une pelote de laine et des aiguilles. Les croquis, il les fait du bout de l’aiguille. Pour lui, la laine, c’est aussi affaire de lien et de partage, beaucoup de ses projets ont été réalisés dans des actions participatives qui entrelacent les générations et les quartiers, le public et l’intime.
Jungle textile
A première vue ses compositions relèvent de l’accumulation et de la superposition dans une apparente désorganisation. Le regard peut s’y promener tant et plus, il découvrira à chaque fois autre chose à quoi s’accrocher. Stephan Goldrajch travaille sans plan de départ, il agit par ajout successif, touche par touche comme un peintre devant sa toile. Quand je travaille je suis en déconnexion complète, c’est une sorte de méditation compulsive. Il aime mélanger les couleurs comme les matières. Du tricot et du crochet, des mailles plus fines et d’autres plus grosses pour jouer des textures et des transparences comme s’il partait en safari dans une jungle textile.
Spécificité de terroir
Chaque bout de laine raconte une petite histoire. Grand voyageur, il aime ramener de ses vagabondages des pelotes uniques de différentes provenances. Si on va les rechercher dans des endroits suffisamment reculés, la laine résiste à la mondialisation et garde des spécificités de terroir assez uniques. Et quand elle est finie, je sais qu’il n’y en aura plus.
Il y a dans ses compositions joyeuses et colorées une touche animiste, comme si son aiguille était une baguette magique capable de donner la vie et de transformer les êtres et les choses en des entités souriantes. Réenchanter le monde, c’est bien une chose dont on a besoin en cette période parfois mortifère déprimante et décousue. Ça resserre la pelote.
Stephan Goldrajch
Porte-Bonheur
Baronian Xippas
2 rue Isidore Verheyden
1050 Bruxelles
jusqu’au 3 avril
Du mardi au samedi de 11h à 18h
www.baronianxippas.com
Stephan Goldrajch sera un des quatre artistes belges contemporains mis à l’honneur dans l’exposition Visions à partir du 5 juin au Musée International du Carnaval et du Masque à Binche