Aux portes de Lisbonne, l’Alentejo invite à un tourisme sensoriel, entre contemplation de paysages préservés et dégustation de produits du terroir authentiques. Le Portugal est aussi le premier producteur mondial de liège. Nous avons suivi la route productrice du chêne-liège, jusqu’à… la bouteille. Une bonne excuse pour découvrir les meilleures tables de la région et flâner dans les sublimes villages blanchis à la chaux.
Leurs silhouettes envahissent petit à petit le paysage peu de temps après avoir quitté la région lisboète. Certains arborent une robe écarlate, visible de loin. D’autres, plus enrobés, contemplent paisiblement l’herbe dorée des plaines et vallons de l’Alentejo. Leurs bras élancés vers le ciel arborent de petites feuilles vert sombre. Tous les dix ans, ils ont droit à un sérieux toilettage ! Les chêne-liège offrent alors une partie de leur rugueuse écorce si caractéristique, pour terminer en bouchons, mais aussi en matière première de choix pour l’isolation des maisons et depuis ces dernières années, en objets design. Le liège est en effet devenu une matière fétiche pour les designers portugais qui l’utilisent, ici pour confectionner des chaussures, là pour des pièces de déco épurées. On trouve même des planches de stand up paddle en liège, à tester sur le lac du barrage dos Minutos en compagnie d’Antonio, qui propose une journée sur la thématique de cette matière emblématique.
Premier producteur mondial, le Portugal exporte l’équivalent de 800 millions de produits réalisés à partir du liège, avec bien entendu, le bouchon en ligne de mire. Un bon prétexte d’ailleurs pour pousser les portes de quelques cavistes de la région. Car l’Alentejo offre aussi parmi les meilleurs crus européens. Notamment avec des rouges revisités depuis une vingtaine d’années par de jeunes vignerons qui n’hésitent pas à bousculer les codes pour proposer des produits plus légers et subtils qu’auparavant, dans cette région gorgée de soleil.
Parmi ces nouvelles maisons qui gagnent à être connues : celle d’Antonio Maçanita. Un caviste qui s’est lancé dans le métier à l’âge de 25 ans en se faisant connaître avec le Sexy, un champagne un zeste provocateur, qui cache d’autres vins issus de mono-cépages choisis parmi d’anciennes vignes, ce qui était relativement rare dans la région. Le tout géré avec une approche la plus naturelle possible, voire biologique lorsque cela s’y prête. Au final, les vins proposés par la maison arborent des saveurs subtiles et aux arômes étonnants.
Autre maison qui casse les codes : celle du Conde d’Ervideira, dont l’on trouve la boutique dans le charmant village de Monsaraz. Des crus qui se dégustent également au gré d’une balade en bateau sur le lac Alqueva, à quelques encablures de la frontière espagnole. Le jeune propriétaire ayant ouï-dire au travers d’histoires locales que le vin était jadis conservé au fond du lac, il s’est lancé dans cette étrange aventure. Et cela semble porter ses fruits : les arômes dégagés par les bouteilles entreposées durant un an à 30 mètres de profondeur présentent des arômes plus denses et riches que celles du même cru, stockées classiquement. Ici encore, la recherche de la qualité rime avec originalité.
Enfin, cela va sans dire, l’Alentejo, c’est aussi des villages blanchis à la chaux et gorgés de charme. Des murailles et châteaux à profusion, des vestiges civilisationnels hérités du riche passé historique et donc des visites culturelles qui n’ont d’égal que les beautés naturelles au sein desquelles se repaître.