Chaque semaine, Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres, réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et ses rencontres d’auteurs, d’ici ou d’ailleurs.
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Téléréalité, Aurélien Bellanger
Vous serez scotché par Les enfants sont rois
Mélanie Claux a 17 ans quand Loft Story débarque sur TF1. Elle sera vite accro à cette émission d’un genre nouveau, tout comme des millions de gens. Ce quart d’heure de célébrité, elle en rêve : si Loana l’a eu, pourquoi pas elle. Après la naissance de ses deux enfants, Sammy et Kimmy, elle embarque sa famille dans une téléréalité familiale sur YouTube. Leur vie est filmée en permanence, ne laissant aucun espace de liberté aux enfants. Mais le public est bien présent : des millions de followers et de likes, des cadeaux qui arrivent tous les jours de la part des annonceurs, et la reconnaissance, enfin ! Jusqu’au jour où Kimmy se fait kidnapper.
L’extrait
Un jour, il faudra aussi parler des enfants qui regardent ça tous les jours. De la pub qu’ils avalent par kilotonnes à l’insu de tous. Ils ne sont pas quelques dizaines, ils sont des centaines de milliers. Manger du McDo, engloutir des bonbons Haribo, boire du Coca et du Fanta… voilà l’idéal qu’on leur décrit. Un idéal de vie n’est-ce pas ? Prenez deux heures de votre temps pour regarder, vous comprendrez de quoi je parle. Vous comprendrez les dégâts…
Entre les lignes
Delphine de Vigan change de genre. De ses précédents livres, nous avons découvert une romancière sensible qui partage avec ses lecteurs son enfance particulière et difficile, ses valeurs, sa poésie. Dans les Enfants sont rois, qui vient de paraître en Folio, elle s’attaque à un genre différent : entre enquête, thriller et réquisitoire contre les dérives des réseaux sociaux. Le nombre d’abonnés à Tik Tok, Youtube et Instagram ne cesse de grimper et tout est sujet à faire parler de soi. Les enfants influenceurs et les parents qui n’hésitent pas à mettre leur progéniture en scène sont légion. Les dégâts psychologiques causés à ces enfants sont pourtant connus : risque de cyberharcèlement, manque d’estime de soi, pensées suicidaires… lorsqu’on partage en ligne des images d’enfant, il faut tenir compte des conséquences à court et long terme que cela aura pour eux. C’est de cela que traite le dernier roman de Delphine de Vigan, qui se lit d’une traite et nous fait prendre conscience de la nécessité de protéger nos enfants et leur droit à une vie privée.
Les enfants sont rois, Delphine de Vigan, Folio éditions, 10 €