Au 19e siècle l’Etat du Texas était une terre de chaos et d’anarchie. Entre les soldats de l’arme régulière, les déserteurs, les mexicains et les indiens, tous les coups étaient permis. Dans une BD hallucinée, Hugues, Micol raconte l’épopée sauvage de John Glanton, une figure méconnue de cette époque troublée où le meurtre et les exécutions se sous-traitent bien plus facilement que tout autre service.
Chien malfaisant
Issu d’une famille pauvre et très croyante, Glanton a très tôt fait de la violence sa religion et de sa colère une arme pour le Texas qui, après avoir arraché son indépendance au Mexique, a rejoint l’union américaine. Au gré des assignations et des opportunités, l’homme offre ses services aux Texas Rangers, à l’armée américaine avant de finir par mener une bande de hors la loi. Considéré comme un chien malfaisant, il se révélait utile tant qu’il pouvait protéger le troupeau des loups. Connu pour sa férocité, il avait pris l’habitude de s’emparer du scalp de ses ennemis abattus. La légende dit même que la nuit, il promenait sa collection de scalps sur une mule qui surgissait des ténèbres en une terrifiante apparition. Sur ce récit planent des nuages noirs comme les terres et les âmes de ces créatures damnées animées par la cupidité et l’odeur du sang.
Danse de mort
Plutôt qu’une biographie classique et chronologique, Micol préfère une narration impressionniste au gré des flash backs et des grandes planches muettes où les soldats, les chevaux et les cadavres s’embrassent dans une danse de mort. On pense au dessin expressionniste, à l’art populaire mexicain et aux gravures de Goya. On n’est pas dans le portrait psychologique fouillé. Difficile de deviner ce qui se passe derrière cette trogne aux bacchantes tombantes et aux orbites creuses. Le rythme du récit est celui, lancinant, d’une balade populaire qui chante les exploits d’un de ces héros maudits qui fait peur et fascine par sa brutalité et son absence d’humanité.
Scalp, Hugues Micol, Futuropolis, 192 pages noir & blanc, 28 €