Sascha Hommer nous emmène dans une singulière quête initiatique où derrière l’aventure et sous la mignonne rondeur des personnages affleure des questions existentielles.
La nourriture principale des habitants des rochers, ce sont les punkis, un mets de choix niché dans la masse gélatineuse de ces créatures paisibles appelées les sylvestres. Et quand ces animaux garde-mangers viennent à manquer ou à dépérir, il faut aller en capturer d’autres dans une forêt où ils s’ébattent en liberté. Une expédition qui ne va pas de soi car non seulement la forêt est protégée d’une muraille infranchissable, mais il faut également déjouer la vigilance des Yeux. Ces imposantes silhouettes qui montent la garde, menacent les intrus du rayon brûlant de leur regard. Une vie à la dure, qui ne serait pas une fatalité, car s’il faut en croire les anciens, il y a quelque part là-haut un royaume des nuages vers lequel le messager montrera la voie quand le temps sera venu. Le peuple des rochers y vivra loin des Yeux et ne connaitra plus la faim.
Conte d’aventure initiatique
Avec La foret des araignées, Sascha Hommer, figure emblématique de la bande dessinée alternative en Allemagne, propose un conte d’aventure initiatique qui joue avec les codes de l’imaginaire et de la fantasy.
Dans ce curieux récit, l’auteur joue du décalage entre la rondeur kawaï de son dessin, la bonhommie des personnages et des créatures qui semblent sorties du monde des Pokemon avec un univers fantastico-mythologique. Les ados, qui partent en chasse aux sylvestres sont d’abord une bande de potes, qui ne se démarquent pas tant que ça des ados de nos cités, le skateboard et le BMX en moins. Derrière l’apparente simplicité de la narration et du dessin se cachent des thématiques moins naïves qu’il n’y paraît comme la quête de liberté, l’affirmation de soi, la soumission à une autorité ou à un culte, l’exploitation de la nature et des animaux et des question quant à nos propres comportements.
Sascha Hommer, la forêt des araignées, Editions Atrabile, 152 pages N& B, 16 €