La villa S. vous invite le long de la riviera dans une mystérieuse bâtisse, théâtre d’ébats interdits. L’illustrateur et dessinateur Antoine Cossé signe cette réjouissante BD érotique Dans une ambiance onirique, on se plonge dans un récit malicieux truffé de références aux années 70. La villa s’observe de loin, tous les volets sont ouverts.
Des rêves
E. un détective se rend dans le sud de la France pour un boulot dont il ne sait rien. En chemin, l’homme, qui a le sommeil léger, se laisse bercer par de nombreux rêves érotiques. Le trait souple et léger d’Antoine Cossé suit ces divagations charnelles avec beaucoup de liberté. Il s’enroule comme des draps entortillés autour du galbe d’une jambe dans un lit. Arrivé sur place, il est accueilli par l’accorte maîtresse des lieux qui lui demande d’observer depuis le haut d’un arbre, les amours illicites entre des tourtereaux issus de deux familles mafieuses rivales. Voyeur ou acteur, le privé se demande ce que sa mystérieuse commanditaire attend de lui.
Quelques traits
L’illustrateur français qui vit à Londres et publie régulièrement dans le New York Times et le Guardian se fait plaisir dans de courtes BD publiées chez des éditeurs indépendants. Une des grandes questions des BD de cul est de savoir ce qu’on montre et comment. Antoine Cossé a choisi d’en montrer un minimum et de suggérer au maximum. Quelques traits suffisent pour tenir la forme et des taches d’aquarelle pour créer du volume. Les personnages ne sont parfois que des silhouettes sur la page blanche, mais on n’a pas besoin de plus. Des touches de couleurs s’insinuent par moments dans le dessin créant des points lumineux comme des feux d’artifices dans la nuit. Il crée ainsi une ambiance onirique où les fantasmes se dissolvent dans le réel et inversement.
Des références pop
A mi-chemin entre le Pravda de Guy Peellaert, les premiers Jean-Claude Forest et la série B érotique des années 70, la Villa S joue les références pop en se réservant un territoire graphique particulier, élégant et audacieux.
La réussite de ce petit album tient aussi à ce que son auteur n’oublie pas la narration. Suggestive, elle aussi, elle fournit néanmoins son lot de rebondissements jusqu’à la dernière page.
Finalement, le récit ne dévoile qu’une partie de ce qui se trame derrière les volets de la grande villa sur la rivierra. Libre à nous d’imaginer le reste.
La Villa S. Antoine Cossé, Les Requins Marteaux, 80 pages, 12€
Disponible sur BAZAR e-SHOP