Comment retranscrire une expérience et la muer en action universelle? Petit guide pratique, artistique et subjectif de Benoît Bethume, Fashion editor belge et concepteur de la saga Mémoire Universelle.
Concept évocateur d’universalité selon Benoit Bethume. Memoire Universelle est une série de 9 tomes, basé chacun sur un sentiment humain. Si le premier, Oh l’amour parlait d’amour, le second, nommé Manimalisme traite de l’instinct animal, le troisième tome, Never say goodbye, évoque la fin. Largement et volontairement inspiré de son histoire personnelle, Benoit Bethume, avec sa conseillère éditoriale Béatrice Gross, interroge le lecteur sur cette notion, si floue et pourtant si réelle.
Disparue en mars 2015, Manuela Pavesi est une icône de mode, guide et amie. Ce troisième tome lui est dédié, corps et âme.
Qu’est-ce qu’une fin ? Qu’elle soit joyeuse ou difficile, elle n’en reste pas moins impossible à appréhender, on est jamais totalement prêt à « en finir ». Et qu’est-ce que la perte ? Perdre quelqu’un n’est-il pas dans la logique des choses ? Mais personne ne perd personne, c’est une question de dimension. Manuela Pavesi n’a jamais été aussi présente dans ma vie que depuis qu’elle est partie, raconte Benoit Bethume. C’est devenu une obsession – ce qu’elle a éveillé en moi, ce que je crée, grâce à elle mais sans sa bénédiction désormais. J’ai senti que c’était une porte ouverte pour m’exprimer d’une autre manière, transcrire l’étrange instinct qui pousse en nous quand nous sommes face à des changements radicaux. C’est ma manière de rendre hommage à son esprit qui ne connaissait pas la peur.
Tant qu’il y a la mémoire, il n’y a pas de fin, cela a été, comme on l’a vécu. Never say goodbye.
Interview de Benoit Bethume par Julie Nysten, lors de la soirée de lancement chez Hunting and Collecting à Bruxelles. Video de Sho Kosughi
Malgré la gravité du sujet, il y a toujours l’espoir. L’espoir qui vient du beau, du créatif, de l’artistique, de la performance. Comme, par exemple, lors de la soirée de lancement du livre. Contrairement à l’encyclopédie de Diderot qui semble figée dans le temps, Mémoire Universelle évolue, avec une méthode propre, issue du génie esthétique de Benoit Bethume. Raconter les choses de manière sentimentale, provoquer de manière instinctive la rencontre entre différents artistes. C’est ainsi que se construisent les chapitres, page à page. Rencontre entre un intervieweur et un interviewé qui ne se connaissent pas forcément mais où, selon Benoit Bethume, le travail de l’un est le miroir du travail de l’autre, comme en témoigne la série de photos de Paolo Barbi accompagnée d’un texte de Germaine De Clerc.
Pas de périodicité prévue, ni d’annonceur exigeant, Mémoire Universelle est un objet libre, subjectif où l’expérience est transmise pour inscrire nos sentiments dans le temps. Ce recueil de textes, photos, émotions est un chef d’oeuvre, un objet d’art et d’histoire qui trône sur la table du salon et qu’on feuillète à l’envi. A travers le papier et la couverture, Benoit Bethume relève avec brio son rôle de passeur de mémoire… universelle.
Mémoire Universelle, Never say goodbye, tome 3/9, 300 pages, broché, entoilé, 4 couvertures différentes, Editions d’art Laconti, 45 €
En vente chez Hunting and Collecting, 17 rue des Chartreux, 1000 Bruxelles.