A Sluis, à quelques minutes de la frontière belge, le Bizarium nous plonge dans un univers parallèle où l’on peut marcher sur l’eau, voler en pédalant, ou prendre une douche sans eau. Ce musée des inventions bizarres est un formidable hommage à la créativité et aux idées « out of the box ».
De tout temps, l’homme a rêvé de marcher sur l’eau, de voler dans les airs, ou de rendre leurs cheveux aux chauves. Bricoleurs et inventeurs de génie ont passé des nuits blanches à peaufiner des appareillages et des systèmes qui n’ont jamais vu le jour. L’invention est indissociable du rêve et la réussite de l’échec.
Un beau jour d’octobre 1890, Clément Ader, élève à 20 cm au dessus du sol son engin équipé d’ailes en soie élastique et d’une hélice de bambou propulsée par un moteur à vapeur. Combien de machines à voler n’ont-elles pas été couchées sur papier avant ce premier vol de l’Eole ? On ne le saura jamais parce que l’histoire retient les vainqueurs, rarement les rêveurs.
Un univers dystopique
A Sluis, un petit musée pas comme les autres rend hommage à ces poètes de l’impossible, à ces inventeurs qui, un jour, ont imaginé des engins et des équipements pour aider l’homme à se dépasser, à vivre plus vite, plus confortablement, plus haut ou plus loin. L’utile et l’indispensable se mêle à l’anecdotique. Un appareil à nager voisine avec une machine à prouver l’existence de Dieu, un véhicule à propulsion canine succède à un vélo douche. Un sac de voyage transformable en costume de survie côtoie un casque sensé faire repousser les cheveux par aspiration. Découvrir ces inventions farfelues et poétiques, c’est entrevoir un univers dystopique à la Schuiten ou à la Brazil, où l’impossible devient l’ordinaire. Beaucoup de ces inventions ont été imaginées au 19e siècle, époque où la technologie et le progrès nous promettaient un avenir radieux. Quelques pièces remontent bien plus loin dans le temps comme le Mystère cosmique de Johannes Kepler ou le véhicule autonome de Léonard de Vinci, imaginé plus de 500 ans avant la Google Car !
Hommage à la créativité
Le Bizarium est le projet d’un couple de Belges, Marc de Jonghe et Ann Geerinck. Lui est designer industriel, elle est illustratrice, graphiste et professeur à l’académie d’Anvers. Une centaine d’inventions qui étaient restées à l’état de croquis, de plans ou de prototypes ont reçu leur visa pour le réel. Façonnées en grandeur nature dans des matériaux disponibles à l’époque de leur conception, elles deviennent les archives d’un passé qui n’a jamais existé. Certaines de ces inventions n’étaient pas destinées à être réalisées, car elles n’étaient qu’une étape dans la réflexion alors que d’autres ne l’ont sans doute pas été parce que la technologie de l’époque ne le permettait pas. précise Marc de Jonghe. Ce projet de musée est un hommage à la créativité et une stimulation pour l’imagination. On est convaincu que les idées ne sont jamais perdues et qu’elles peuvent renaître dans de nouvelles formes, de nouvelles têtes. Le Bizarium est une ode au rêveur naïf, au perdant fantasque et à l’idéaliste intrépide qui ne craint pas briser les règles. S’il ne trouve pas sa place dans le monde, c’est peut-être que le monde n’est pas encore prêt.
Bizarium, museum van bizarre uitvindingen
Hoogstraat 35
4524AA Sluis, Pays-Bas
Ouvert du mercredi au dimanche de 13 à 18h.
www.bizarium.com