Le travail d’Ettore Sottsass, l’un des plus grands designers du vingtième siècle, a oscillé entre architecture, design industriel et design expérimental. Esprit libre et non conformiste, touche à tout génial, il a construit patiemment une oeuvre où se croisent la céramique, la photographie et l’architecture, tout en posant les jalons d’une réflexion critique sur l’activité du designer au sein de la société de consommation: faire du design, ce n’est pas donner forme à un produit plus ou moins stupide pour une industrie plus ou moins luxueuse. Pour moi, le design est une façon de débattre de la vie.
Totem
Le créateur estime que l’homme doit être capable de ne pas entretenir un rapport aliéné à l’objet, et que le designer ne doit pas céder à l’obsolescence programmée et à la pression de la production. Ce qui signifie que l’objet ne doit pas être un fétiche, mais bien plus un totem, évoquant par sa sa présence les grands archétypes de l’humanité.
Tour à tour pessimiste et optimiste, se sentant à la fois responsable et impuissant, Sottsass s’est battu toute sa vie pour défendre la liberté individuelle. Eprouvant les limites d’un système, il s’est senti très proche de « l’anti-design ». Il n’ y a pas d’ordre d’importance entre ses petits objets et ses grandes architectures.La variété de ses productions, qui vont de l’industriel à l’artisanat, trouve son sens dans un langage tout-à-fait cohérent qui se compose de formes simples, de géométries pures, de signes graphiques élémentaires.
Mathématique
Alternant les cercles, les cylindres, les carrés, les lignes et les points, Sottsass cherche à atteindre l’épure. Toutefois, sa recherche n’a rien d’une logique mathématique froide ou d’une expression intellectuelle abstraite, mais relève plutôt d’un attrait pour les mythes et les formes fondamentales de l’imaginaire, faisant signe vers les origines de l’humanité. Proches de ces fameux mandalas indiens ou de ces pré-écritures rupestres, ses objets évoquent la valeur à la fois cosmique et intérieure de la vie humaine.
Couleur et secret
Chez lui, la couleur est l’expression de la vitalité. Jamais ornementale, elle fait sens en elle-même. Sa manière de les juxtaposer consiste à en extraire la puissance et l’énergie. La couleur est la marque d’une « grande santé, notait Nietzsche. Très attentif aux secrets portés par les objets et à leur pouvoir de réminiscence, son dessin est aussi simple qu’un geste. Cultivant des interactions, souvent inaperçues, entre les choses, ses assemblages semblent convoquer des rythmes saisonniers, des variations entre les éléments. En libérant l’objet de sa signification marchande, il lui redonne une force mystérieuse et ancestrale.
Institut italien de la culture, rue de Livourne 38, 1000 Bruxelles,
dans le cadre de Brussels Design September
Plus d’infos : http://www.iicbruxelles.esteri.it