Avec son troisième CD, Angelo De Augustine, réussit un album mélancolique et enchanteur. Dans le sillage d’une rupture amoureuse, il écrit 12 chansons, comme des confidences qui confrontent ses démons intérieurs aux émotions qu’il a vécues et vivra encore.
Lumineux
Comment les peines de cœur peuvent-elles produire des chansons aussi délicates et lumineuses que celles qui ornent le troisième album du californien Angelo De Augustine ? En décembre 2017, arrive dans la boite aux lettres du musicien, une lettre de rupture de sa compagne. Il se met à l’écriture de ces chansons qui vont, dans une mystérieuse alchimie, agir comme un baume apaisant. La tombe dont il est question dans le titre est celle que l’on garde au fond de soi pour y enfouir les déceptions, les échecs et les ressentiments. Et désormais elle est ouverte.
Histoire d’une guitare
Angelo De Augustine est originaire de Thousand Oaks, au nord de Los Angeles où il a grandi dans une famille de musiciens, son père était batteur et sa mère chanteuse – c’est elle qui chantait She’s like the wind avec Patrick Swayze sur la BO de Dirty Dancing. Refusant de suivre leurs traces, Angelo se rêvait joueur de foot jusqu’à ce qu’une blessure l’éloigne d’un avenir, balle au pied, qui s’annonçait pourtant prometteur. Pour l’aider à se remettre, un ami lui offre une guitare. Et c’est le début d’une autre histoire.
Petites touches
Il a enregistré ses deux premiers albums chez lui dans sa salle de bain, captant le minimalisme de ses compositions guitare voix sur un magnétophone à bande. Pour ce nouvel album, il s’est offert la production pointilliste de Thomas Bartlett, l’orfèvre qui a prêté ses talents à Sufjan Stevens, St Vincent ou Adrian Crowley. Sans bouleverser le fragile équilibre mélodique des compositions, il agit par petites touches, un arpège de piano, une boucle de synthé ou de mellotron ici, une ligne de basse ou une discrète boite à rythme là, il n’en faut pas plus personnaliser chaque chanson d’une couleur mélodique.
Doué pour écrire des mélodies aussi évidentes qu’enchanteresses, Angelo De Augustine les porte sur son délicat filet de voix haut perchée, fragile comme un souffle et chantant comme un papier de soie ballotté par l’air chaud de Laurel Canyon.
Si les chansons sont visitées par l’esprit folk des troubadours californiens des seventies, on est pourtant très loin du pastiche plutôt dans une bulle intemporelle.
Sans regrets
En sortant les peines de rupture du tombeau Angelo De Augustine revisite toute son histoire d’amour à reculons. Sans regrets, il fait le constat des incompréhensions et des erreurs de jugement. « Je suis arrivé dans ta vie au mauvais moment, ce n’était pas ta faute ni la mienne » constate-t-il dans Tomb. Il se demande aussi s’il ne lui a pas donné trop d’amour.
« Tu avais besoin d’amour, j’avais besoin de toi ». dans You Needed Love I Needed You. Dans Bird Has Flown, il s’adresse à son père qui a quitté le domicile familial quand Angelo avait 5 ans. C’est à peu près l’age qu’il a sur la photo de la pochette avec cette main surgie d’on ne sait qui et ce regard d’enfant confiant et mélancolique.
Des chansons comme I Could Be Wrong ou Kaitlin et Time sont de celles qui restent en tête dès la première écoute. L’album est sorti sur Asthmatic Kitty le label de Sufjan Stevens avec qui le californien partage cette même intense délicatesse. On peut les voir tous les deux dans une version groovy et cool de Time mise en boite au Reservoir Studio de New York, là ou a été enregistré l’album.
Avec l’hiver qui s’installe Tomb fait l’effet d’un feu de cheminée qui agit directement sur le coeur.
CD Asthmatic Kitty 12 titres, 47 minutes
En concert 24 février Democrazy, Gand