Avec Halo, son septième album publié chez Crammed, Juana Molina sort son disque le plus abouti. Aventureux, envoûtant jamais hermétique, il nous entraîne dans un univers de conte gothique très féminin et nous plonge dans une douce transe dont on n’a peine à sortir. En juin, l’envoûtante musicienne sera en concert à la salle Roma à Anvers
Bienvenue dans l’univers étrange de Juana Molina. Etranges, nous le sommes aussi, semble dire le fémur qui nous regarde depuis la pochette. Au fil de ses albums, la musicienne argentine a créé un univers original, mais jamais rébarbatif. Halo, septième étape de ce voyage sonore, poursuit son exploration d’un électro folk luxuriant, tissé de boucles, d’échos et de couches qui glissent l’une sur l’autre comme un mille feuille.
Le titre Halo, évoque les lumières flottantes dans la légende populaire argentine de « luz mala ». Ces lumières qu’on peut voir flotter de nuit au-dessus du sol appartiennent aux défunts qui appellent à l’aide parce qu’ils n’ont pas reçu de digne sépulture chrétienne. Les suivre aveuglément peut mener le curieux soit à un amas d’ossements humains, soit à un trésor d’or et d’argent.
Rien d’abrasif ou d’agressif dans ces douze et douces compositions rythmiques et vaporeuses où sons et voix s’enlacent sensuellement. Claviers électroniques et instruments acoustiques se complètent dans une musique organique qui bat et pulse comme un corps qui rêve parfois jusqu’à la léthargie avant de reprendre vie.
Conte gothique
Avant de se consacrer à la musique, Juana Molina était la comédienne principale de Juana y Sus Hermanas, un soap à succès de la télévision argentine qu’elle abandonne sans regret pour une aventure bien moins lucrative mais combien plus créative.
Avec ses textes qui évoquent le rêve, les arbres, les hiboux et les potions magiques, Molina nous entraîne dans un univers de conte gothique et très féminin dont on se réveille avant qu’il vire au cauchemar.
Dans Paraguaya, la narratrice empoisonne, goutte après goute, son amant pour mieux contrôler tous ses désirs.
Dans Cara de espejo, celle qui se regarde dans le miroir aimerait changer de visage pour changer ce qu’elle voit. Parfois ses mots peuvent se transformer en incantations qu’elle adresse à ses machines pour les amener dans une douce transe enivrante.
Avec Halo, Juana Molina réalise son disque le plus abouti, aventureux et séduisant, mais jamais hermétique. Il exhale une magie diffuse, celle qui rend la peau encore plus belle à la pleine lune et qui rend aux os leur éternelle jeunesse
Halo, CD Crammed, 12 titres, 57’
Concert : mardi 20 juin, salle De Roma Borgerhout (Anvers)