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Kùzylarsen
Kuzylarsen, le long de ta douceur (c) 30 février / PIAS

CD
La douceur écorchée
de Kùzylarsen

Gilles Bechet -

C’est le disque d’un type qui chante des chansons d’amour qui semblent venir d’un autre temps ou d’un temps très ancien, certaines ont d’ailleurs plus de 500 ans. C’est le disque d’un type qui aurait pu prendre une guitare, il a préféré un oud. C’est le disque qu’un gars qui revient de loin.

 

Douceur âpre

Le titre est parfait. Les 10 chansons, minimales, désossées, de Kùzylarsen irradient la douceur, mais on sent que c’est une douceur âpre, un refuge pour résister à la violence du monde. Un premier disque qui est comme une naissance musicale artistique après des années passées à bourlinguer le monde, surtout l’Orient et le moyen Orient. A faire de la musique avec plein de gens, à vivre 1000 vies dans les excès, dans l’amour et dans la performance.
Depuis le début, mon envie c’était de faire des chansons, j’ai eu tout ce trajet, et à un moment je me suis dit qu’il serait temps que je me rappelle que c’est ça qui m’a motivé à apprendre à jouer la musique.

Oud électrique

C’est à Tunis dans le quartier d’Halfaouine qu’il a eu le coup de foudre pour l’oud. Comme s’il pistait la bonne étoile, il a suivi ses sonorités cristallines en Egypte, au Liban en Jordanie, en Palestine et en Turquie. Il a côtoyé des grands maîtres de cet instrument, des compositeurs ici et là bas. En Belgique, il a aussi joué avec Jawhar ou avec Tristan Driessens.
Pour me concentrer sur les mots et le chant, j’ai arrêté l’instrument pendant deux ans. Quand j’ai senti que ça me manquait et qu’il y avait une place à prendre pour faire résonner la richesse et le poids de mes influences, je me suis fait plaisir en revenant à l’oud et en l’abordant plus librement.
Il joue d’un oud électrique réalisé sur mesure pour avoir une amplitude et une dynamique rock dans les mélodies qu’il égrène de ses cordes métalliques. Sur le disque et sur la scène, il n’est pas tout seul, il est accompagnée de Alice Vande Voorde à la basse et au chant.

Amour libertaire

Nous n’avons d’autres arcs que nos mains. Des lys candides sont nos flèches.  Ces phrases extraites de la chanson L’amour et la guerre ont été écrites il y a plus de 500 ans par Abu Nawas, un poète perse qui a vécu au VIIIe siècle. Il y oppose une vie emplie des plaisirs de la chair à la vie de la guerre. Quand je voyageais en Orient, j’ai voulu lire leurs auteurs. J’ai beaucoup lu Abu Nawas et j’aime particulièrement ce texte qui est un poème d’amour libertaire. L’amour c’est finalement le point commun de toutes ces chansons. C’est le prisme par lequel je partage ma vision du monde.

Taverne grecque

Si le vin tue, il sait ressusciter les morts.  termine la chanson comme un écho à celle qui ouvre l’album Je me suis vidée qui est une chanson d’amour écrite par une bouteille à son maître.
Danser sur la corniche est une autre chanson hors du temps. Kuzy l’a écrite en montagne dans les Alpes et elle se déroule comme un film avec ses paysages grandioses et ce léger sentiment d’euphorie qui irradie le corps fourbu quand on arrive à la vallée.
Plus personne ne chante ici est une chanson de taverne que Kùzylarsen reprend d’un auteur grec.
J’ai beaucoup voyagé en Grèce, c’est un pays que j’aime pour son rapport à la musique. Au début, on entend des bruits d’ambiance que je pensais enregistrer à Thessalonique. Pour des tas de raisons, ça n’a pas pu se faire. Mais à Bruxelles, un ami m’a emmené dans une taverne grecque le long du canal. Il y avait une ambiance incroyable. Je leur ai demandé si je pouvais enregistrer ma chanson. On m’a dit oui. 

 

Kùzylarsen, Le long de ta douceur, CD Merlin, PIAS, 10 titres, 34 min

 

En concert le 12 décembre 2018, Botanique
Le 11 janvier 2019, au cinéma Le Parc à Liège
Le 26 janvier 2019,salle Spacium, Hamme-Mille
Le 02 février 2019, Centre culturel de Fleurus