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De cendres et de larmes, Sophie Loubière, Feluve Noir éditions, 19,90 €

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Un thé glacé avec Sophie Loubière

Anouk Van Gestel -

Chaque semaine, Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres, réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et ses rencontres d’auteurs, d’ici ou d’ailleurs.

 

Sophie Loubière, on la connaît pour ses polars psychologiques, pour ses prises de position courageuses, mais on sait moins qu’elle est aussi journaliste, productrice, qu’elle écrit des fictions radiophoniques, compose et joue du piano et trouve encore le temps de faire du théâtre. Les fées ont été généreuses ! J’ajoute que, contrairement à ses histoires glaçantes, Sophie Loubière est une femme joyeuse et très engagée. Rencontre.

De cendres et de larmes, un titre trouvé sur une épitaphe, vous pouvez nous en dire un peu plus ?

Je l’ai trouvé sur une tombe du cimetière de Bercy qui est aussi le décor du roman. Je le trouve intéressant parce qu’il fait sens. Les cendres peuvent être les cendres de la crémation et les cendres d’un feu, comme un des personnages est chef des sapeurs pompiers et l’autre conservateur de cimetière, cela se se rejoint. Les larmes, évidemment, sont celles du chagrin.

Madeline, votre héroïne, exerce un métier dangereux où l’on trouve peu de femmes. On apprend de nombreuses choses sur les pompiers dans ce roman, comment vous êtes-vous aussi bien renseignée ?

Pour tous mes romans, je commence par rencontrer les protagonistes. Mon métier est journaliste à la base et je vais à la rencontre des gens, je les enregistre. Ensuite, je travaille en rassemblant beaucoup de documentation. Je suis très curieuse et je n’aime pas aborder les choses de façon désinvolte. Je n’aime pas tricher et je veux être sincère dans ma démarche de romancière, donc si je vais aborder tel ou tel métier, j’ai besoin de connaitre vraiment ce qu’est ce métier de l’intérieur et pas seulement l’impression que je pourrais en avoir. J’ai aussi rencontrer un gardien de cimetière, ensemble nous avons fait le tour de celui de Bercy et ensuite je vais creuser par des questions plus personnelles et je vais rencontrer sa femme et ses enfants.

Vous abordez de nombreux thèmes difficiles de la vie : la violence dans le couple, la négligence envers les enfants, le désarroi des mères, … Vous voulez faire passer des messages ?

Oui, tous mes romans sont des prétextes à faire passer des messages. Ce n’est que ça. Cela fait vingt ans que je passe des messages sur la société, la détresse des mères, l’incapacité qu’elles ont parfois de s’occuper de leurs enfants ou la violence qu’elles peuvent opérer malgré elles. Qu’elle soit physique ou psychologique. Je suis fille d’une éducatrice spécialisée et d’un animateur socio-culturel, j’ai hérité de ce besoin de dénoncer, de m’attacher à des fêlures et à ce qui fait qu’on va grandir de guingois, qu’on ne pourra pas être la personne qu’on voulait être. Et il est vrai qu’il y a une thématique récurrente dans mes romans, celle de l’enfant qui souffre d’un secret, d’un non-dit ou d’une forme de culpabilité, notamment la culpabilité du survivant. C’est quelque chose de très personnel, qui a trait à ma propre histoire.

L’art est également présent dans votre roman, Christian s’adonne au dessin durant ses plages de liberté. Dans votre livre, on retrouve en entrée de chapitre les dessins d’Isabelle Fagot, une artiste belge. Vous pouvez nous en dire un peu plus ?

J’ai rencontré Isabelle Fagot il y a quelques années et nous avons de nombreux points communs. Mon personnage, Christian, trouve la fuite dans l’art et le dessin et va puiser son inspiration dans les secrets de son passé. Là va s’arrêter le parallèle avec le travail d’Isabelle qui, lui aussi, est lié à l’histoire d’Isabelle qui est assez proche de celle que je raconte. Ce que Isabelle dit ou cache dans ses toiles est peut-être aussi l’équivalent de ce que Christian cache dans ses dessins. L’art pour panser ses tourments.

Les œuvres d’Isabelle Fagot sont à découvrir ici https://www.isabellefagot.com/gravure

Pour en savoir plus sur la genèse du roman https://decendresetdelarmes.blogspot.com/

De cendres et de larmes, Sophie Loubière, Feluve Noir éditions, 19,90 €