Chaque semaine, Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres, réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et ses rencontres d’auteurs, d’ici ou d’ailleurs.
Les Dragons
L’histoire en trois lignes
A quinze ans, Jérôme est contre le monde et s’ennuie chez ses parents qui sentent le vieux. Sur décision de justice, il est interné dans un centre de soins pour adolescents. Il y rencontre Colette et c’est le coup de foudre. Mais Colette va très mal, elle se scarifie et veut mourir.
L’extrait
J’ai une nouvelle fois pensé au psychiatre. « Il faut se battre, il avait dit. L’avenir, il arrive. Parce qu’il ne sait faire que cela. Il ne te demande pas ta permission. Il fait ça depuis toujours. Chaque seconde que le monde fait, il arrive. Et on ne peut pas passer sa vie à craindre quelque chose qui ne s’arrête jamais. »
Pourquoi vous ne le lâcherez pas
Parce que ce roman, extrêmement documenté, offre une perspective et un point de vue réfléchi sur l’impact de la crise du Covid sur la santé mentale des jeunes. L’histoire, largement inspirée de situations réelles, permet de mieux comprendre la détresse dans laquelle certains d’entre-eux pataugent. Et peut-être de trouver des solutions pour y remédier. Ensuite, la lettre de Jérôme Colin adressée à sa fille Adèle est de celles que nous aimerions toutes recevoir.
Les dragons, Jérôme Colin, Allary Editions, 18,90 €
Bien sûr que les poissons ont froid
L’histoire en trois lignes
Allie, fin de la vingtaine, veut retrouver Nour, un garçon qu’elle a connu virtuellement à l’adolescence. Une relation amour-amitié via les ondes entre Bruxelles et Montpellier. Aidée de son ami Max, elle mène l’enquête pour retrouver Nour, disparu des réseaux du jour au lendemain. Une quête nostalgique qui lui réservera bien des surprises.
L’extrait
On s’est rencontrés en 2009. J’avais 15 ans, Nour en avant 16. Pendant plusieurs mois il a été ma raison de me lever chaque matin.Il m’a apporté de la douceur quand tout semblait rugueux et m’a fait croire que j’avais une place à moi. Il m’a permis de sortir d’un gouffre sans fond dont je ne pensais jamais pouvoir m’extirper.
Pourquoi vous ne le lâcherez pas
Profondément drôle et drôlement profond, Fanny Ruwet se met à nu et dévoile les angoisses de la génération Z. Dépression, perte de repères, alcoolisme (mondain, c’est moins grave) … Et une multitude de raisons de redouter l’avenir. Entre fiction et réalité, l’humoriste parvient à nous faire passer du rire aux larmes.
Bien sûr que les poissons ont froid, Fanny Ruwet, L’Iconoclaste Editions, 20 €
Reste
L’histoire en trois lignes
M. l’amant marié de S. est mort noyé dans un lac alors qu’ils passaient le week-end ensemble. S. ramène son corps dans le chalet qu’ils ont loué avant de prendre la route, le cadavre assis sur la banquette arrière. Elle passera six jours à ses côtés, tout en écrivant une longue lettre à la femme de M. pour lui raconter les raisons
L’extrait
Je ne pense pas qu’on m’ait appris à me taire. Simplement, on ne m’a pas appris à parler. Et on m’a dissuadé d’essayer. J’ai compris très tôt que pour être aimée des hommes il fallait éviter de leur prendre la tête, éviter d’être une chieuse, une grande gueule, une mégère.
Pourquoi vous ne le lâcherez pas
Reste est une histoire d’amour illégitime et passionnée. A la limite de la raison. L’autrice mêle violence, amour fou, intrigue et poésie dans ce roman à l’atmosphère glauque. On se laisse pourtant embarquer dans cette folle cavale tant l’imaginaire d’Adeline Dieudonné est puissant.