Chaque semaine, Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres, réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et ses rencontres d’auteurs, d’ici ou d’ailleurs.
Vous avez aimé
Chaos Calme, Sandro Veronesi
Vous serez bouleversé en lisant Vivre vite
Le 22 juin 1999, un accident de moto fauche le mari de Brigitte Rigaud. Le jour où ils devaient emménager avec leur fils dans leur nouvelle maison. Vingt ans plus tard, au moment de remettre les clés de cette maison à des promoteurs, elle remonte le temps, les faits et cherche à comprendre ce qui a conduit à ce drame.
L’extrait
Quand aucune catastrophe ne survient, on avance sans se retourner en fixant la ligne d’horizon, droit devant. Quand un drame survient, on rebrousse chemin, on revient hanter les lieux, on procède à la reconstitution. On veut comprendre l’origine de chaque geste, de chaque décision. On rembobine cent fois. On devient le spécialiste du cause à effet. On traque, on autopsie, on dissèque. On veut tout savoir de la nature humaine, des ressorts intimes et collectifs qui font que ce qui arrive, arrive.
Entre les lignes
Vivre après la mort de l’autre, celle de l’être aimé. Tirer sur le fil des Et si, si, si … Pour, enfin, faire son deuil. Comme une porte qu’on referme doucement. Celle de la maison où Brigitte et Claude devaient emménager, le jour même de l’accident de moto de Claude. Continuer à vivre. Avec le manque, le chagrin, la culpabilité, les souvenirs et tout ce qui aurait pu être si, si, si… Vingt ans ont passé et Brigitte Giraud remonte le temps, cherche des réponses, tente de trouver du sens à cette mort brutale et raconte Claude, ses goûts, la musique qu’il aimait, les années 90. Un roman catharsis, une autobiographie où colère et délicatesse se mêlent, à lire lentement pour ensuite vivre vite. Le livre a remporté le Prix Goncourt, je fais partie de celles qui l’ont lu sans le lâcher en écoutant Au revoir mon amour de Dominique A.
Vivre vite, Brigitte Rigaud, Flammarion éditions, 20 €