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Art et Marges
Des pépites dans le Goudron, Mathieu Morin (c) Fremok Editions
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L’Amérique n’existe pas, Wesley Willis © M. Thies, Collection MAD musée, Fonds Duvel Moortgat
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L’Amérique n’existe pas, Chase Ferguson, photo Gilles Bechet
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L’Amérique n’existe pas, © William A Hal © Henry Boxer Outsider Art Gallery
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L’Amérique n’existe pas, Jean Slimowski, photo Gilles Bechet

Expo
L’Amérique des outsiders

Gilles Bechet -

L’Amérique n’existe pas, la nouvelle exposition du musée Art et marges est une invitation à un voyage poétique dans une Amérique fantasmée par des artistes à l’imagination hors norme.

 

Chacun a son Amérique à soi. Fantasmée, elle est souvent, presque toujours, plus belle que la réalité. On y trouve des bagnoles, des gratte-ciels, des cow-boys, des indiens, des stars de cinéma, de la musique et du sport. L’art brut avant d’être celui d’autodidactes qui développent une œuvre en marge du circuit artistique est celui de l’imagination.

Tout est possible

Les œuvres rassemblées par le curateur Mathieu Morin proviennent de diverses collections d’art brut ou d’art populaire et elles n’ont en commun que la liberté de l’imaginaire et la variété des supports et techniques.
Les villes de Wesley Willis, avec ses autoroutes urbaines qui déchirent comme une tirette le rideau de gratte ciels convergeant vers l’horizon. Ses voitures semblables à des petites boites d’allumettes glissant sur l’asphalte répondent aux voitures en papier de Chase Ferguson. Si le new-yorkais peut donner du volume à ses véhicules soigneusement dessinées sur du papier avant d’être pliées et assemblées avec du papier collant, alors tout est possible.

Temps et espace

Dans cette exposition, on voyage dans le temps et dans l’espace avec des tissus brodés ou des dessins réalisés par des artistes anonymes dans les années 20. On a aussi les très beaux paysages imaginaires, tout en douceur, de Joseph Yoakum. L’homme qui racontait avoir voyagé sur les quatre continents avec le cirque de Buffalo Bill s’est mis à dessiner ces fabuleux paysages de mémoire bien des années après son retour à Chicago.

Une ville idéale

L’Amérique, on l’a rêvée aussi depuis l’Afrique, comme sur les affiches de blockbusters peintes au Ghana sur des toiles de sacs de farine. Mission Impossible avec un Tom Cruise méconnaissable ou Titanic prêt pour le naufrage. Les cercueils en forme de chaussures de sport, encore du Ghana témoignent d’une autre fascination pour la culture de la réussite et de la performance au pays de l’oncle Sam. L’Amérique qui s’hybride avec l’exubérance kinoise, ça donne les maquettes de papier et carton de Bodys Isek Kingelez qui a réinventé la grande métropole congolaise avec ses gratte-ciels aux formes et aux couleurs ouvragées bâtissant une ville idéale pour les nouvelles générations.

Parcours de vie

Derrière chaque dessin ou peinture, il y a des artistes et des parcours de vie souvent peu banals, des artistes pour qui l’art le dessin était souvent l’écran Technicolor se superposant sur une vie de grisaille. Ainsi, Jean Smilowski dont on peut admirer l’installation à l’étage a vécu une grande partie de sa vie dans une cabane en matériaux de récupération dressée dans un terrain vague de Lille. Il s’entourait de personnages issus du cinéma, de la chanson ou de la culture populaire qu’il peignait sur des panneaux de bois délimitant son domaine, sous l’œil protecteur de sa muse la princesse indienne Ramona. De l’autre côté de l’Atlantique, William Hall, sans abri à Los Angeles, a vécu la moitié de sa vie dans une voiture où il dessinait d’extraordinaires véhicules rétro-futuristes massifs et ouvragés, traversant de payes dévastés.

Aux formes de leurs rêves

Mathieu Morin, curateur de l’exposition et grand spécialiste de l’art brut vient également de publier Des Pépites dans le goudron, un « road tripes » qui retrace en texte et en image cinq mois de voyage à travers les Etats Unis à la rencontre de créations singulières, véritables environnements peints, sculptés et assemblés par des artistes autodidactes qui à l’image du facteur Cheval avant eux ont façonné un univers aux couleurs et aux formes de leurs rêves. Dans une langue imagée, à l’humour rock n’ roll, il raconte ses rencontres avec des paysages mythiques et avec des créateurs hors normes. Du fantasmagorique parc d’éoliennes de Vollis Simpson en Californie au bestiaire cartoonesque géant sculpté à même les rochers dans un paysage désertique près de la frontière mexicaine par WT Ratcliffe ou aux fameuses Tours de Watts à Los Angeles, C’est un voyage dans des pays inventés où la logique attend son tour et une ode à l’obstination poétique.

 

Des pépites dans le Goudron : Un road trip brut en Amérique, Mathieu Morin, Frmk Editions, collection Knock Outsider, 341 pages coul, 30 euros

 

L’Amérique n’existe pas
jusqu’au 02 février 2020
Art et marges
Rue Haute 314
1000 Bruxelles
Ouvert du Mardi au Dimanche de 11h à 18h.
T. +32 (0) 2 533 94 90
www.artetmarges.be