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Mascaro
Sub Sole, Massao Mascaro, courtoisie de l'auteur
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Sub Sole, Massao Mascaro, courtoisie de l'auteur

Expo
Massao Mascaro
Sous le Soleil exactement

Gilles Bechet -

A la Fondation A, Massao Mascaro présente des photos ramenées d’un périple sur les pourtours de la Méditerranée sur les traces d’Ulysse.

Le jeune photographe Massao Mascaro a passé de longs mois sur les terres qui entourent la Méditerranée. Des terres baignées d’un soleil vertical, lieux de passage et d’errances pour de nombreux jeunes qui rêvent d’autres horizons, que ce soit l’eldorado européen ou n’importe quel ailleurs. Ceuta, Naples, Athènes, Palerme, Istanbul Tunis et Lampedusa, son périple était guidé par les errances d’Ulysse comme par une boussole intérieure. Sans chercher à reproduire un quelconque fragment de cette épopée mythologique, il s’agit plutôt pour le jeune photographe de relier le passé au présent, le départ au retour, l’errance à l’attachement. « Je voyageais sans but et sans plan, avec l’envie de rencontrer des gens et d’écouter leurs histoires. »

Temps suspendu

Les lieux photographiés sont modestes et interchangeables, tout sauf spectaculaires, un sol couvert de pierrailles et de végétation rabougrie, une place, une rue, une thématique ou une clôture de barbelés. C’est un temps suspendu comme ce pneu en déséquilibre qui n’a pas fini de tourner, comme ce cadran d’horloge sans aiguille. L’important est autant dans ce qui est photographié que dans ce qui est hors du cadre. Comme les sentiments qui habitent ces jeunes en quête d’un futur meilleur, ou simplement d’un présent apaisé.
Placées sous le signe de la canicule, ces photos témoignent d’une grande douceur. Le photographe n’a pas cherché à aiguiser les contrastes tranchants. L’ombre n’est pas un mur mais un refuge mouvant. « Les murs sont ailleurs » note le photographe.

Une danse silencieuse

À première vue chaotique, l’accrochage aux murs de la Fondation A joue sur trois formats de tirage, créant des fulgurances visuelles comme une grammaire poétique entre les images.
Un dictionnaire français-grec écorné ouvert à la page des A côtoie le portrait d’un réfugié ghanéen qui avait fait le pari d’apprendre le grec. La pointe d’une feuille d’agave qui pique dans la zone charnue d’une autre feuille comm on pointe un lieu sur une carte.

Lire les images

Des fruits, un poulpe, des cheveux, quelques piles de pièces de monnaie, des choses que l’on peut toucher, à l’inverse de ces rêves qui s’effilochent à mesure qu’on les approche.
Sur l’île de Lampedusa, des agaves décharnés semblent figés dans une danse silencieuse. Une plante qui ne vient pas de la Méditerranée mais du Mexique, en quelque sorte un voyageur en transit qui ne fleurit qu’une fois avant de dépérir et s’assécher. Des images qui se découvrent sous le regard, couche après couche.
La seule chose que je demande au spectateur, demande le photographe c’est de prendre le temps de lire les images.

Ce travail photographique a fait l’objet d’un très beau livre clôturant un triptyque amorcé avec Ramo où il explore la Calabre de ses origines, et poursuivi avec Jardin où il s’aventure dans l’espace rêvé du jardin à travers les rues et les parcs de Madrid.

 

Sub Sole, Massao Mascaro, Editions Chose Commune, 168 pages, photos duotone, 40 €

 

Sub Sole
Massao Mascaro
Fondation A
304 avenue Van Volxem
1190 Bruxelles
jusqu’au 19 décembre
Ouvert du mercredi au dimanche
de 13 à 18h
www.fondationastichting.com