Walker Evans est ce grand photographe américain, né en 1903 et mort en 1975, qui pendant toute sa vie de photographe aura eu l’exigence de la réalité. La réalité, vue de face, des gens ordinaires, sans sentimentalisme, ni interprétation personnelle, laissant celui qui regarde la photo seul face avec le sujet photographié, qui fixe l’objectif intensément. Le sujet se sait photographié, mais n’affiche jamais de sourire. Son regard a quelque chose à nous dire.
Baigné dans la littérature française,Evans ne voulait pas être photographe. Flaubert m’a fourni une méthode, Baudelaire un esprit. Ils m’ont influencé sur tout. Je ne cherchais rien, les choses me cherchaient, je le sentais ainsi, elles m’appelaient vraiment (Walker Evans, 1971). Walker Evans est le révélateur de « L’Amérique sans nom », des anonymes qu’il a observés soit dans le cadre de leur vie, soit au hasard d’un métro, d’une rue, il montre simplement car il a horreur du racolage et du sensationnel. Il fait juste appel à la conscience : Montrer mais jamais démontrer, dit-il. Peintre des anonymes, son appareil caché dans son manteau, il veut rester anonyme derrière sa photo.
Les photographies de Walker Evans sont plus des signes que des images. Elles sont claires, presque laconiques, sans emphase.Si ses images sont droites et directes, elles sont parfaitement construites. Walker Evans, obsédé du cadrage et du détail, découpait ses négatifs pour que les studios de développement respectent son cadrage.
« Pour moi le mot “documentaire” est inexact pour décrire le style photographique qui est le mien. Ce dont je parle en fait, c’est d’une pureté, d’une certaine sévérité, de rigueur, simplicité, être direct et clair, et ce sans prétentions artistiques au sens conscient de l’expression. C’est la base de tout — être solide et ferme. » (Walker Evans cité dans la revue Vacarme 41, automne 2007).
Anonymous présente des pages de magazines originaux accompagnées de tirages d’époque et de divers matériaux relatifs à ces publications, afin de mettre en valeur le rôle pionnier que joua Evans dans la photographie moderne mais aussi dans l’édition, l’écriture et la mise en page.
Commissaires de l’exposition : David Campany, Jean-Paul Deridder et Sam Stourdzé. Exposition coproduite par la Fondation A Stichting, Bruxelles, et Les Rencontres d’Arles.
Walker Evans, Anonymous. Du 31 janvier au 3 avril 2016. Ouvert du jeudi au dimanche: de 13h à 18h. Visiteur : 4€ – Étudiants : 2€
Fondation A Stichting, Av. Van Volxem 304, 1190 Bruxelles, T. +32 (0)2 502 38 78, www.fondationastichting.be/fr