Ma complice teinturière c’est Carmel Peritore que j’ai rencontrée à l’Opéra de la Monnaie en travaillant sur les costumes d’une production. On a toutes deux suivi avec enthousiasme plusieurs formations professionnelles spécialisées en teintures naturelles, avec des maîtres passionnés de référence: Betty de Paris, Michel Garcia, Sandrine Rozier, et David Santandreu.
Dans l’atelier de teinture, telles deux joyeuses chimistes, on expérimente mille et une recettes et on a plusieurs casseroles sur le feu! Ce n’est pas du tout le même travail de sortir un bleu indigo, un rouge garance ou un jaune bourdaine… Certaines plantes doivent être traitées selon des paramètres très méticuleux, des dosages précis d’ingrédients, PH et températures de bains à contrôler. En teinture naturelle tout ne se vaut pas, certaines couleurs sont plus précieuses que d’autres.
Dominique Cardon, que j’ai eu la chance de rencontrer est directrice de recherche au CNRS. Elle a écrit plusieurs livres de référence sur la teinture naturelle. Son dernier ouvrage, Le Cahier de Couleurs d’Antoine Janot, est le fruit d’une collaboration avec sa fille Iris Brémaud. Un manuel bilingue en anglais et en français à l’usage des teinturiers, avec des notes d’ingrédients, échantillons et noms de couleurs qui sont, au 18ème siècle, la nomenclature d’usage : le “Pantone” de l’époque en quelque sorte.
Mon prochain projet est d’aller voir les planches originales d’échantillons de laines teintes d’Antoine Janot qui sont conservées aux Archives départementales de l’Hérault à Montpellier. Je pourrai y admirer en vrai le bleu mignon, le gris de prune, le vert perroquet et les comparer avec mes soies teintes!