Dans les images de Hans Op de Beeck, arrive un moment où on n'en voit plus les bords. On ne voit que les étoiles suspendues dans le ciel nocturne, des sapins sous la neige ou ce carrousel illuminé qui tournait encore quelques instants plus tôt.
Méditation
Dans un Botanique aux murs repeints de gris, l’artiste belge expose une vingtaine d’aquarelles grand format réalisées la nuit, dans son atelier, en l’espace d’un mois. Un travail qu’il aborde comme une méditation. Je peux facilement travailler de 8 h du soir à 8 h du matin. Pendant la journée, dans mon atelier, je travaille avec une équipe de cinq personnes que je dois diriger. Ces douze heures de solitude sans interruption me permettent de créer dans le silence. C’est comme un rituel où je suis dans un état proche de l’écriture automatique. Tout vient dans un flow continu. Il n’y a pas trop de choix ou de décisions à prendre.
Dans un Botanique aux murs repeints de gris, l’artiste belge expose une vingtaine d’aquarelles grand format réalisées la nuit, dans son atelier, en l’espace d’un mois. Un travail qu’il aborde comme une méditation. Je peux facilement travailler de 8 h du soir à 8 h du matin. Pendant la journée, dans mon atelier, je travaille avec une équipe de cinq personnes que je dois diriger. Ces douze heures de solitude sans interruption me permettent de créer dans le silence. C’est comme un rituel où je suis dans un état proche de l’écriture automatique. Tout vient dans un flow continu. Il n’y a pas trop de choix ou de décisions à prendre.
De la lumière
Artiste multidisciplinaire, Hans Op de Beeck réalise des vidéos, des photos, des sculptures et des installations conceptuelles comme la fascinante « Sea of Tranquillity » présentée en 2011 à la galerie Argos. Le dessin est un retour aux sources, à l’essence de l’art et aux bandes dessinées qu’il réalisait adolescent. Il aime l’aquarelle pour sa légèreté. C’est un médium de l’éphémère, proche du croquis. Il y a juste un peu de pigment noir et beaucoup d’eau. Et surtout de la lumière. Si on met trop de pigment sur le papier, la lumière disparaît parce que la lumière, ce n’est que papier où il n’y a pas de pigment. Cela demande une grande concentration. Si le geste n’est pas juste, on ne peut plus rien faire. J’ai travaillé sur de grandes aquarelles pendant des nuits et je les ai ruinées à la dernière minute parce que j’en faisais un peu trop et que la lumière avait disparu.
Artiste multidisciplinaire, Hans Op de Beeck réalise des vidéos, des photos, des sculptures et des installations conceptuelles comme la fascinante « Sea of Tranquillity » présentée en 2011 à la galerie Argos. Le dessin est un retour aux sources, à l’essence de l’art et aux bandes dessinées qu’il réalisait adolescent. Il aime l’aquarelle pour sa légèreté. C’est un médium de l’éphémère, proche du croquis. Il y a juste un peu de pigment noir et beaucoup d’eau. Et surtout de la lumière. Si on met trop de pigment sur le papier, la lumière disparaît parce que la lumière, ce n’est que papier où il n’y a pas de pigment. Cela demande une grande concentration. Si le geste n’est pas juste, on ne peut plus rien faire. J’ai travaillé sur de grandes aquarelles pendant des nuits et je les ai ruinées à la dernière minute parce que j’en faisais un peu trop et que la lumière avait disparu.
Proche du cinéma
Les images sont grandes. Le format devient une expérience physique pour le spectateur. Et il y règne une douce quiétude. Peut-être même une certaine mélancolie. L’espace est là pour se perdre parce que l’artiste n’a pas l’obsession de la surcharge. Le regard peut flotter et se concentrer sur le sujet. Tenter de percer la nuit. Dans les paysages, pas de personnages, et quand il dessine le dos d’une femme tatouée, le paysage s’est estompé. Pour moi, les aquarelles sont assez proches du cinéma avec l’horizontalité du format des œuvres. Au cinéma, on est toujours conscient que l’image est une construction. On est dans une salle, c’est filmé, dirigé, ce n’est pas la réalité. On accepte cette invitation d’y aller mentalement et de rentrer dans l’image même si on sait qu’elle est fausse. Ici aussi, on sait que ce n’est pas autre chose que du papier et un peu de pigment. C’est quelque chose de très simple et direct.
Les images sont grandes. Le format devient une expérience physique pour le spectateur. Et il y règne une douce quiétude. Peut-être même une certaine mélancolie. L’espace est là pour se perdre parce que l’artiste n’a pas l’obsession de la surcharge. Le regard peut flotter et se concentrer sur le sujet. Tenter de percer la nuit. Dans les paysages, pas de personnages, et quand il dessine le dos d’une femme tatouée, le paysage s’est estompé. Pour moi, les aquarelles sont assez proches du cinéma avec l’horizontalité du format des œuvres. Au cinéma, on est toujours conscient que l’image est une construction. On est dans une salle, c’est filmé, dirigé, ce n’est pas la réalité. On accepte cette invitation d’y aller mentalement et de rentrer dans l’image même si on sait qu’elle est fausse. Ici aussi, on sait que ce n’est pas autre chose que du papier et un peu de pigment. C’est quelque chose de très simple et direct.
Une fiction crédible
Hans Op de Beeck écrit aussi de la fiction et des pièces de théâtre. Une écriture qui le ramène au cinéma par la narration. Mais chacune de ses images est une fiction. J’aime bien l’idée de créer une forme de fiction qui est crédible et qui n’est pas de la « fantasy ». Ce n’est pas un monde inconnu avec des créatures étranges, non, c’est la réalité mais ce n’est jamais un endroit précis. C’est important de créer cet espace imaginaire de fiction parce qu’alors le spectateur peut y trouver une manière d’entrer dans l’atmosphère de l’image qui devient tactile, fait surgir les émotions.
Hans Op de Beeck écrit aussi de la fiction et des pièces de théâtre. Une écriture qui le ramène au cinéma par la narration. Mais chacune de ses images est une fiction. J’aime bien l’idée de créer une forme de fiction qui est crédible et qui n’est pas de la « fantasy ». Ce n’est pas un monde inconnu avec des créatures étranges, non, c’est la réalité mais ce n’est jamais un endroit précis. C’est important de créer cet espace imaginaire de fiction parce qu’alors le spectateur peut y trouver une manière d’entrer dans l’atmosphère de l’image qui devient tactile, fait surgir les émotions.
Banal sublimé
On est un peu désorienté en reconnaissant des lieux qu’on ne connaît pas. Des lieux qui nous semblent familiers, nous rappellent un endroit ou un moment vécu. Du banal sublimé. J’aime travailler avec des clichés, des images que tout le monde peut comprendre, des images ouvertes, mais aussi très quotidiennes. Ce n’est pas spectaculaire, ce n’est pas agressif ou violent, c’est plutôt discret et « low key ». Ce sont plutôt des banalités dans lesquelles chacun peut trouver quelque chose de plus spécial ou plus profond. Dans l’histoire de l’art, il y a de nombreux exemples. Le sujet de la Mona Lisa, c’est simplement une femme qui vous regarde. C’est tout.
On est un peu désorienté en reconnaissant des lieux qu’on ne connaît pas. Des lieux qui nous semblent familiers, nous rappellent un endroit ou un moment vécu. Du banal sublimé. J’aime travailler avec des clichés, des images que tout le monde peut comprendre, des images ouvertes, mais aussi très quotidiennes. Ce n’est pas spectaculaire, ce n’est pas agressif ou violent, c’est plutôt discret et « low key ». Ce sont plutôt des banalités dans lesquelles chacun peut trouver quelque chose de plus spécial ou plus profond. Dans l’histoire de l’art, il y a de nombreux exemples. Le sujet de la Mona Lisa, c’est simplement une femme qui vous regarde. C’est tout.
Lent et discret
Pour conclure cinq années d’aquarelles, il réalise « Night Time », un petit film où s’animent quelques-unes des 400 aquarelles réalisées au cours de cette période intense. Un peu de brouillard ouate le paysage, de la neige alourdit les branche des arbres, de la pluie crée des reflets sur la route ou une barque glisse sur l’eau d’un lac. Ce n’est pas grand-chose mais je peux y ajouter une expérience sensorielle, le temps qui passe, ça devient plus physique avec les activités très discrètes de la nature, les variations de la lumière ou les mouvements d’une personne. Tout est très lent et discret, le contraire de spectaculaire.
Pour conclure cinq années d’aquarelles, il réalise « Night Time », un petit film où s’animent quelques-unes des 400 aquarelles réalisées au cours de cette période intense. Un peu de brouillard ouate le paysage, de la neige alourdit les branche des arbres, de la pluie crée des reflets sur la route ou une barque glisse sur l’eau d’un lac. Ce n’est pas grand-chose mais je peux y ajouter une expérience sensorielle, le temps qui passe, ça devient plus physique avec les activités très discrètes de la nature, les variations de la lumière ou les mouvements d’une personne. Tout est très lent et discret, le contraire de spectaculaire.
Hans Op de Beeck, The Drawing Room, jusqu’au 4 janvier 2015 au Botanique, 236 rue Royales, 1210 Bruxelles, T. +32 (0)2 218 37 32, www.botanique.be