Hicksville n’est sur aucune carte de Nouvelle Zélande. C’est vrai que la petite ville imaginée par le Néozélandais Dylan Horrocks ne paie pas de mine. C’est pourtant le Xanadu de tout amateur de B.D. car sa bibliothèque regorge de raretés inestimables. Et c’est aussi la ville natale du dessinateur Dick Burger parti faire fortune aux USA. Quand le jeune journaliste critique Leonard Batts débarque dans le patelin pour enquêter sur son fils prodige, tous les habitants se referment comme des huîtres cachant d’inavouables secrets.
Déclaration d’amour
Horrocks truffe cette trame principale d’intrigues à tiroirs où l’on croise le capitaine Cook accompagné du chef maori Hone Hecke égarés sur une île à la dérive, des personnages de B.D. en collants et d’autres en fisl de fer, un auteur dessinateur déprimé qui a vingt-quatre heures pour trouver une histoire drôle, mais aussi de l’aventure, du mystère et des intrigues, des histoires d’amour et de la satire. Au final, Hicksville est une déclaration d’amour à la B.D. et à tous ceux pour qui c’est la chose la plus importante au monde, animée de la conviction profonde qu’un fossé infranchissable sépare les créateurs des marchands.
Une fenêtre sur le monde
Dylan Horrocks a grandi à Auckland dans une maison pleine de B.D. que son père ramenait et collectionnait. Les comics américains côtoyaient de très exotiques B.D. européennes. En découvrant Tintin en version originale, il est fasciné par une œuvre qu’il ne considère pas comme une simple B.D. mais comme une fenêtre ouverte sur le monde. Il lui a fallu sept années pour mener à bien ce premier roman graphique, dessiné entre la Nouvelle Zélande, Londres et les USA sur le coin d’une table de cuisine ou à même le sol du salon de ses amis. Entre la première et la dernière page, on peut voir son trait s’affirmer et les fils d’une narration tisser d’inépuisables connections.
Hicksville, Dylan Horrocks, Casterman, 274 pages N/B, 25 €
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