BRAFA
Si la BRAFA résonne comme un appel au rassemblement à l’oreille du collectionneur chevronné, de l’acheteur aisé et, bien évidemment, du marchand d’art méticuleux et affairé, elle ne se limite pourtant pas à ces figures célèbres ; car son premier but est d’attirer, non pas le badaud, mais le « curieux ».
Le curieux a mauvaise presse et, curieusement, il n’est guère défendu par les curieux eux-mêmes. Le curieux passe régulièrement pour quelqu’un qui s’intéresse sans passion ou par goût feint, par simple attrait superflu ; il est celui qui regarde par le bout de la lorgnette et s’attache à des vétilles en manquant la substance. Toutefois, il existe une autre histoire du curieux et de la curiosité, et c’est d’ailleurs sous le signe de cette faculté inestimable de l’homme que je vais réaliser ces balades dans les allées de la BRAFA.
L’ambition sera très simple : regarder, flâner et capter au vol, guidé par la seule « curiosité esthétique », une part de la magie étonnante des objets. Il faut savoir aller à la BRAFA dépourvu du regard acéré du spécialiste, mais muni de celui de l’amateur éclairé par son propre plaisir de regarder. L’homme est un amoureux, déclaré ou non, du plaisir de voir.
Bien sûr, pendant une semaine, le visiteur aura l’occasion de faire l’acquisition de pièces d’exception; cependant, il aura aussi (et peut-être surtout) la possibilité d’exercer son goût. Arpenter la BRAFA procure, dès lors qu’on dépasse bon nombre de préjugés, une forme de jubilation à surprendre ainsi tous ces objets mis côte à côte comme dans un cabinet de curiosités. On passe avec allégresse d’un objet à un autre, on devine le dialogue entre les objets eux-mêmes : un tableau impressionniste qui discute avec une lampe astrale, un guéridon qui s’entretient avec une amphore, un bibelot qui côtoie une oeuvre de la renaissance.
Vous n’êtes pas seulement guidé par le désir de posséder tous ses objets; vous ressentez plutôt le besoin de vous insérer dans une histoire rien qu’en les regardant, une histoire que vous composez et recomposez sans cesse. Il n’est pas ici question de snobisme, mais de plaisir pris au beau, où se mêlent l’intérêt et le désintérêt pour tous ces objets intemporels.
En effet, une antiquité n’est pas un objet désuet qu’on cache dans un coffre ou que l’on range dans un grenier. L’antiquité est intemporelle précisément parce que sa vocation est de trouver encore sa place dans notre quotidien en le transfigurant. Pour cette raison, l’antiquité traverse le temps, le garde mais surtout l’offre à percevoir. Il n’y a rien de plus attrayant qu’un appartement de collectionneur, parce que dans sa collection – qui est toujours une manière de lire le monde – se croisent des objets qui généralement, par l’effet de la mode, ne se trouvent pas réunis ensemble.
Comme disait Sacha Guitry, grand collectionneur s’il en fut: il y a deux sortes de collectionneurs, celui qui cache ses trésors, et celui qui les montre ; on est placard ou bien vitrine. On ne peut qu’admirer la cohérence d’une collection, que l’on peut parcourir dans tous les sens, face à l’uniformisation constante des objets à laquelle nous sommes de plus en plus soumis et qui n’est jamais qu’une répétition dénuée du pouvoir d’émerveiller.
Se réconcilier avec les objets en scellant un pacte intime avec eux, c’est se souvenir de ce que déclarait le philosophe François Dagognet : Le monde des objets, qui est immense, est finalement plus révélateur de l’esprit que l’esprit lui-même.
BRAFA ART FAIR, Tour & Taxis, Avenue du Port 86 C, B-1000 Bruxelles.
Ouvert Du samedi 23 au dimanche 31 janvier 2016 de 11h à 19h.
Nocturne le jeudi 28 janvier 2016 jusqu’à 22h.
Tarifs: Individuel: 25 €/ 16-26 ans: 10 € par personne , < 16 ans: gratuit / Groupes (≥ 10 pers.): 10 € par personne.
T. +32 (0)2 513 48 31 – f. +32 (0)2 502 06 86 info@brafa.be , www.brafa.be