Le Printemps des barbares est l’adaptation par Xavier Lukomski du roman original du suisse Jonas Lütscher. C’est le mariage d’un couple de Britanniques richissimes. Une célébration chic avec la crème des traders de Londres, au Thousand and One Night Resort. Un complexe cinq étoiles dans le désert tunisien, à l’image d’un camp berbère. Ou l’image que se faisait un jeune couple travaillant à la City de Londres de ce que doit être un mariage conforme à son statut social. Avec des tentes climatisées, une grande piscine et des petits fours tempura-crevette-mayo-harissa.
Immersion dans la palmeraie
Priesing, le narrateur, est Suisse. Il a hérité d’une société familiale devenue empire dans la télécommunication. Le patron est chargé de rencontrer un sous-traitant local de son entreprise, Slim Malouch, qui est aussi propriétaire de l’hôtel où a lieu le mariage. Priesing se retrouve alors au milieu d’une foule d’invités anglais huppés. Au fil de son aventure, le fortuné rencontre des personnages aux descriptions drôles et caricaturées, comme Jenny, la plantureuse organisatrice du mariage, Quicky le gros dur ou encore Sanford l’académique bourgeois, professeur de sociologie. Le narrateur, incarné par Pierre Sartenaer, nous plonge au coeur de cette soirée ridiculement luxueuse. Une immersion totale qui fait sourire mais aussi voyager, tant par les odeurs, l’ambiance et les portraits loufoques de ces dames et messieurs.
Une folie destructrice
Comme un témoin de cette soirée arrosée, on assiste à ce joli fiasco. Certains vomissent. D’autres finissent dans la piscine. Mais le lendemain, l’Angleterre est en faillite suite à la crise des géants banquiers Lehman Brothers. La livre est brutalement dévaluée. Au réveil, les nouvelles donnent mal au crâne. C’est la panique totale, les C4 déferlent, les traders de la City craquent. Les fortunés sont incapables de payer leur billet d’avion vers Londres, condamnés à rester dans le désert. Avec la faim, la fatigue et le désespoir, la barbarie explose, il n’y a plus de morale. Un récit apocalyptique qui peut s’essouffler vers les dernières minutes du spectacle.
La violence ou le capitalisme à son paroxysme
Xavier Lukomski, le metteur en scène, a adapté le roman Le Printemps des barbares suite à une scène violente qu’il a connue lors d’une soirée. Un vernissage avec une foule de gens fortunés, où les convives se sont précipités sur les plateaux de champagnes et petits mets. Dont un homme qui renverse le plateau d’une des serveuses, se sert ensuite et la laisse ramasser les dégâts, sans aucune compassion pour elle. C’est cette scène violente qui l’a notamment poussé à adapter le roman de Jonas Lüscher. Un conte avant tout philosophique plein d’ironie, mais aussi une critique de notre société actuelle.
Le Printemps des barbares, au Théâtre de Poche
Du 6 mars au 31 mars 2018, du mardi au samedi à 20h30. Durée: 1h20. 20 € tarif plein, 17€ pour les +60 ans, 12€ pour les -26 ans, 1,25€ pour les articles 27. Tickets Arsène 50.
+32 2 649.17.27 , reservation@poche.be
1a Chemin du Gymnase, 1000 Bruxelles (Bois de la Cambre)
© Photo à la Une: Yves Kerstius