Le futur de l'art belge ? Un futur peut-être. Depuis 1950, le prix de la jeune peinture belge, aujourd'hui Young Belgian Art Prize, dirige ses prix et projecteurs vers un artiste émergent.
Le 10 septembre, lors du finissage de l’exposition à Bozar, le jury international choisira parmi les 10 artistes sélectionnés cette année les lauréats des trois prix. Le quatrième, ING Public Prize, sera attribué sur base des votes du public. Miroirs, éponges, les artistes les plus marquants de cette sélection restituent les échos du monde.
Dans son film «A certain amount of clarity», Emmanuel Van der Auwera titille le voyeur qui est en nous. Avec un montage interpellant d’extraits de reactions vidéos postées par des internautes qui commentent des scènes violentes et cruelles, supposées réelles, qu’ils voient ou qu’ils ont vues mais que nous ne verrons jamais, l’artiste nous met face à la grande lessive morale et géographique qu’opère le kaléidoscope d’Internet. Une BD brute qui reprend les commentaires entendus avec les images accompagne le film.
Le monde se montre aussi à travers le filtre de la mémoire. Hamza Halloubi assume sa subjectivité de ses vidéos, photos et textes qui entremêlent le moi et le là, la réalité et la fiction dans ces comptes rendus poétiques de ses errances à Tunis ou Jérusalem.
Lola Lasurt a la mémoire douce quand elle revisite à l’aquarelle les photogrammes d’un film sur le match de foot qui opposa femmes mariées et femmes célibataires lors de la fête du parti communiste espagnol en 1974. Ou quand elle observe en vidéo le dédoublement de la statue en hommage à l’anarchiste espagnol Francisco Ferrer de Bruxelles à Barcelone ou, par un dessin, lumineux et coloré le changement d’époque à Mont-roig del Camp quand une place vouée au dictateur Franco est rebaptisée en l’honneur du peintre poète catalan Joan Miro. Plus que les événements politiques, l’artiste espagnole observe par le dessin et la vidéo la place qu’ils occupent dans la vie sociale.
Le duo Max Pinckers & Michiel Burger confronte les mémoires partisanes et manipulatrices de la colonisation. Au Kenya, dès 1952, les Mau Mau s’étaient soulevés contre les joug britannique. Présentés comme des sauvages par le pouvoir colonial, ils étaient considérés par leur peuple comme des défenseurs de la liberté. Dans leur installation, le duo confronte les images d’époque qui soutiennent et exacerbent les deux visions. S’y ajoutent des photos contemporaines réalisées sur place par les artistes où ils ont invités les survivants de la décolonisation à reproduire leurs actes de bravoure. Mi-sérieux mi-goguenards, vieillards et matrones rejouent des scènes d’arrestation, de fouille ou de maquis où les bâtons ont remplacé les fusils.
Le monde que nous restitue le travail d’Hannelore Van Dijck ne se situe pas sur le plan politique mais n’en est pas moins très prenant. Investissant l’espace par de grands dessins hyper-réalistes, elle transforme un passage entre deux salles en un tunnel industriel. Gommant la réalité architecturale du lieu, elle arrive par son souci du détail à instiller un trouble sensoriel dans le regard et dans l’esprit du visiteur de passage.