Chaque vendredi Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres, réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et rencontres d’auteur, d’ici ou d’ailleurs.
Le temps d’un café avec Agathe Colombier Hochberg
Nous avons rendez-vous au bar de l’hôtel The Dominicans au centre de Bruxelles. Agathe Colombier Hochberg est venue y présenter son roman à la presse belge. Cette femme frêle et élégante, accepte de jouer le jeu d’une interview sans questions….
Réaction à 5 phrases extraites de son livre
Tu étais tellement loin de moi que tu n’avais même pas remarqué mon absence.
« Je pense que c’est le pire piège dans le couple, c’est de ne plus se regarder. C’est le point de départ à tout ce livre. Lui, il va lui tendre une énorme perche, il a besoin qu’elle se retourne, qu’elle dise son nom. Elle monte dans le train, sans même s’apercevoir qu’il ne la suit pas. Et la pire cruauté, ce n’est pas qu’elle refuse de le faire, c’est qu’elle ne remarque pas son absence. C’est l’indifférence. Et cela veut dire qu’il n’y a plus d’amour. C’est le point de départ d’un dialogue silencieux entre un homme et une femme qui se quittent. »
Il m’a raconté le temps passé à chercher un galet qui aurait du sens
« Il y a quelque chose de personne dans ce passagel. J’ai moi aussi cherché sur la plage d’Etretat un galet parfait pour l’être aimé. Cela raconte ce qu’on met de soi dans un cadeau. Dans le roman, ce galet les accompagne tout au long du livre, c’est la symbolique de leur relation. C’est l’objet qu’elle refuse de laisser derrière elle. Une nuit d’insomnie, elle la prend dans sa main et dit : la pierre ne me parle plus. »
Je suis sur le point de le tromper, mais cela ne me pose aucun problème. Ma conscience a été balayée par mon désir.
« Au début d’une histoire d’amour, on est porté par la nouveauté, par cette énergie magnifique qu’est une histoire d’amour. Ce moment-là est un moment tellement fort, tellement dévorant, qu’il peut vous faire oublier tout le reste et vous rend tellement égoïste. Et c’est ce qui lui arrive à elle. Mais elle fait son autocritique, elle s’en rend compte et n’en est pas très fière. »
Perdre Gabriel, c’est être seule.
« C’est le grand saut, parce que il y a finalement peu de gens qui quittent en sachant qu’ils vont être seul. On quitte souvent parce qu’il y a quelqu’un d’autre. Elle sait que son amant ne lui propose rien d’autre qu’une relation légère. Elle a envie d’y croire, mais elle sait et n’a plus d’illusions. Elle sait qu’il n’y aura pas un homme qui va remplacer un autre. Qu’elle devra faire face à la solitude en quittant Gabriel. »
Les 7 premiers jours
« Ce sont les 7 premiers jours de la fin d’une histoire d’amour. Comme les 7 jours de la création. Parce que pour moi c’est l’histoire d’une renaissance pour l’un comme pour l’autre de mes personnages. La temporalité d’une semaine m’a semblé juste. Pour lui, je me suis aussi inspirée des 7 étapes du deuil : le choc, le déni, la douleur, la colère, la dépression, la reconstruction et l’acceptation. Chacune de ses étapes me guidait pour faire évoluer le personnage de Gabriel. »
Les 7 premiers jours. Agathe Colombier Hochberg. Ed. Belfond, 18 €.
Disponible sur BAZAR e-SHOP