Chaque vendredi Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres, réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et rencontres d’auteur, d’ici ou d’ailleurs.
Vous avez aimé
Extension du domaine de la lutte, Michel Houellebecq
Vous allez dévorer
Un élément perturbateur. On pourrait croire que le narrateur est un dépressif qui s’ignore, materné par sa sœur, et dirigé par son frère ministre. Serge Horowitz, 44 ans, a déjà tout du vieillard. Sa vie actuelle s’écoule sans remous entre une activité de gestionnaire dans une société qui place des capitaux en off-shore et une vie recluse dans un appartement parisien qu’il partage avec sa sœur. Ses moments de bonheur, il les trouve dans les pharmacies, à la recherche de n’importe quoi qui lui rendrait son quotidien moins pénible. Cet anti-héros en pantoufles, atteint d’aphasie dès qu’il doit prendre la parole pour défendre des idées auxquelles il ne croit pas, va soudain se réveiller, se révéler. Résignation et tristesse mélancolique vont laisser la place à une rébellion jubilatoire.
Les premières phrases
Ca peut me prendre à tout instant. Une heure ou deux. Parfois quelques minutes. Les premières manifestations sont apparues il y a trois semaines et depuis c’est comme ça. Je ne sens rien venir. Je me lève chaque matin et à n’importe quel moment de la journée, le mal peut me frapper. Je me retrouve subitement incapable d’articuler le moindre mot.
Entre les lignes
C’est drôle, sensible, enlevé. Un tacle subtil à l’univers impitoyable du monde de l’entreprise, aux egos individualistes des hommes de pouvoir, à la perte de valeurs face au libéralisme économique. Un roman lucide où pointe l’espoir d’une vie pleine d’aventures, pour autant qu’on ose sortir de sa zone de confort.
Un élément perturbateur. Olivier Chantraine, Ed. Folio, 7,90 €
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