Chaque vendredi, Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres, réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et ses rencontres d’auteurs, d’ici ou d’ailleurs.
Vous avez aimé
Les vertus de l’échec, Charles Pépin
Vous allez surmonter vos échecs avec humour grâce à l’Art d’échouer
Quand rien ne va plus, c’est que tout va bien, annonce la couverture de ce livre. Faire l’apologie de l’échec, voilà qui va complètement à contre-courant de notre époque où la performance, la réussite sont autant de valeurs prônées par notre société du toujours plus. Elizabeth Day, elle, explique pourquoi les échecs sont d’excellents indicateurs. Parce que la vraie vie n’est pas un long compte Instagram.
L’extrait
Je suis restée huit ans à The Observer. Pas une fois je n’ai demandé une augmentation, alors que je me considérais comme une féministe. J’ai toujours dit oui, jusqu’à la fin. J’étais accommodante, docile. A la fin de ces huit années, je me suis rendu compte que ma carrière journalistique n’avait pas progressé d’un iota. J’écrivais toujours le même genre d’article et pour la même paie. Je voyais mes pairs dans d’autres journaux, au même age que moi, obtenir des colonnes d’éditorialistes ou des statuts d’interviewer de premier plan, avec le salaire idoine. Chaque fois que je trouvais le courage de demander à mon chef si je pouvais progresser d’une manière ou d’une autre, on me répondait vaguement qu’on allait « y réfléchir ». Mais rien ne changeait jamais. J’ai commencé à sentir que je sombrais.
Entre les lignes
Enchaîner les gamelles aurait donc un côté positif ? Essuyer les échecs serait une condition indispensable à la réussite ? Oui, mille fois oui répond Elizabeth Day dans cet ouvrage qui se situe entre un livre de développement personnel, un manifeste contre les diktats de la perfection et un manuel pour apprendre à rebondir avec humour après chaque échec. Parce que les échecs permettent de se construire, de se réinventer et peut-être même que la réussite est un échec qui a mal fini. Une lecture qui fait du bien. La dernière page tournée, on relève les épaules avec fierté : oui, j’ai déjà échoué et c’est tant mieux.
L’Art d’échouer, Elizabeth day, Belfond éditions, 21,90 €.