Chaque vendredi, Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres, réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et ses rencontres d’auteurs, d’ici ou d’ailleurs.
Vous avez aimé
La femme à refaire le monde et autres nouvelles, Georges-Olivier Chateaureynaud
Vous allez vous attendrir avec Boys
Dix-sept nouvelles qui parlent des hommes d’aujourd’hui. Il y a Samuel, le sportif handicapé, Bastien qui a perdu son fils de trois ans, Sacha qui essaye d’oublier celle qu’il aime dans les bras d’une autre, Antoine qui retrouve son ex-femme à l’enterrement de la mère de celle-ci, … Des tranches de vie avec un fil conducteur: la paternité. Chacun de ces hommes vit une émotion qui fissure leur carapace, les rend vulnérables et attendrissants.
L’extrait
Un matin je me suis échappé de la maison où à l’étage jamais je n’osais retourner dans la chambre pleine de jouets, des livres, pleine des vêtements et des rires envolés de notre fils, un matin j’ai choisi la fuite, sans avoir nulle part où aller; L’argent manquait, des mois auparavant j’avis quitté mon travail afin d’être présent aussi souvent que possible auprès de mon fils. Mes parents vivaient encore dans le Sud, mes proches amis n’auraient pas supporté le poids de ma débâcle. Au moment de trouver un point de chute, il n’y avait eu que mamie Jeanne et le trois-pièces vieillot que j’avais toujours connu, mamie et sa passion pour la peinture, les toiles et reproductions qu’elle dispersait au hasard des murs, mamie et ses blouses démodées, mamie et son chat gris peu commode,.. Il n’y avait eu qu’elle pour me recueillir. mamie et ses pudeurs. Ses attentions discrètes. Les questions qu’elle avait la bonté de ne jamais poser. Mamie Jeanne ne m’a soigné de rien. Elle a été présente, voilà tout.
Entre les lignes
Un recueil de nouvelles où chaque mot est le bon, où chaque émotion est décrite avec une tendresse infinie, sans sensiblerie aucune. L’auteur est journaliste sportif et Boys est son premier livre. Pierre Théobald aborde la masculinité à l’ère où les archétypes contemporains ne leur rendent pas justice. On sait, études à l’appui, que les hommes sont en général moins empathiques, plus égoïstes et plus autodestructeurs que les femmes. En général. « J’ai personnellement plus de plaisir à comprendre les hommes qu’à les juger », écrivait Stefan Zweig dans Vingt-quatre heures de la vie d’une femme. Ces nouvelles permettent de comprendre et d’apporter plus de nuances et de subtilité à nos jugements.
Boys, Pierre Théobald, Ed. JCLattès, 18,90 €.
Disponible sur BAZAR e-SHOP.