Chaque vendredi, Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres, réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et ses rencontres d’auteurs, d’ici ou d’ailleurs.
Vous avez aimé
Premiers émois, Véronique Gudin
Vous allez vibrer avec Nobelle
Eté 1972. Annette va fêter ses dix ans. Le jour précédant son anniversaire, son grand-père décède. Annette lui écrit un poème et le lit devant sa famille. Personne ne la croit quand elle prétend l’avoir écrit. « Ce n’est pas beau de mentir », lui dit sa mère. Pour ne pas sombrer dans la tristesse et marquer le coup, ses parents lui « offrent » des vacances à Saint-Paul-de-Vence. Annette rencontre le beau Magnus a la peau si veloutée et en tombe amoureuse. Un premier Amour, avec un grand A, celui qui fait rêver les petites filles. Mais c’est oublier que les histoires d’amour finissent mal, en général…
L’extrait
Même en l’imaginant, je n’aurais pu concevoir une si complète trahison. Il avait recopié mes poèmes. Il avait juste retiré le « e » du féminin que l’on m’avait appris à mettre, et qui affirmait ce que j’étais. C’étaient mes phrases que je retrouvais là, celles sorties de mes doigts, de mon corps, de mon cœur, celles pour Magnus. Devant chaque poème, il avait ajouté : « Magalie ». C’était la perfection de l’horreur. J’aurais voulu le maudire, lui, sauf qu’il n’était pas là, je n’avais que cette fille qui lissait ses cheveux. Et je la haïssais, elle.
Entre les lignes
Quand on lui demande quel est son métier, Sophie Fontanel répond : écrivaste. Elle revient avec un roman initiatique qui aborde premiers émois, inégalités entre les hommes et les femmes, plaisir d’écrire, plagiat et trahison. Le tout se passe sous un ciel bleu-Provence, avec une piscine pour décor principal, et des personnages inspirés du landerneau littéraire parisien. Il y a aussi cette vacance qui laisse libre cours à l’imagination, ce temps béni où les écrans n’avaient pas encore comblé l’ennui. Le quinzième roman de Sophie Fontanel est sensible, pur, et fait résonner nos souvenirs d’enfance. J’avoue pourtant être restée sur ma faim, trop de dialogues peut-être. Si certains passages m’ont réellement enthousiasmés, d’autres m’ont paru répétitifs et moins crédibles.
Nobelle, Sophie Fontanelle, Ed. Robert Laffont, 19 €.
Disponible sur BAZAR e-SHOP.