Chaque vendredi, Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres, réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et ses rencontres d’auteurs, d’ici ou d’ailleurs.
Vous avez aimé
De joyeuses funérailles, Ludmila Ouliskaïa
Vous allez aimer les cimetières grâce à Changer l’eau des fleurs
Violette Toussaint est la gardienne d’un cimetière dans un village perdu de Bourgogne. Abandonnée à la naissance, l’infirmière l’a appelée Violette Trenet, parce qu’elle aimait le chanteur. Le cœur de Violette a fait Boum quand elle croise le regard de Philippe Toussaint dans une boîte de nuit. Ils se marieront sans trompette ni flonflon et auront une fille ensemble, Léonine. Du jour au lendemain, Philippe disparaît sans plus donner de nouvelles. Violette l’attend et puis l’oublie en s’occupant des tombes, en buvant du porto avec les fossoyeurs et en changeant l’eau des fleurs. Un inspecteur a l’air triste, Monsieur Seul, débarque un jour pour disperser les cendres de sa mère décédée sur la tombe d’un homme inconnu de lui. Il lui fait des révélations étonnantes.
L’extrait
J’ai rencontré Philippe Toussaint le 28 juillet 1985, le jour de la mort de Michel Audiard, l’immense scénariste. C’est peut-être pour cela que Philippe Toussaint et moi, on n’a jamais eu grand chose à se dire. Que nos dialogues étaient aussi plats que l’encéphalogramme de Toutankhamon. Quand il m’a dit : « Ce verre, on va le boire chez moi ? », j’ai tout de suite répondu : « Oui. » A peine lui ai-je répondu oui que nous étions sur sa moto, un casque trop grand sur la tête et sa main posée sur mon genou gauche. J’ai fermé les yeux. Il s’est mis à pleuvoir sur nous, j’ai senti des gouttes sur mon visage.
Entre les lignes
J’avais entendu parler du roman de Valérie Perrin, mais le titre et la couverture avaient mis un frein à mon envie de le lire. Encore un roman à l’eau de rose, un peu niais et romantique, pensais-je. Erreur sur toute la ligne. L’auteur raconte avec tendresse et humour le quotidien des petites gens, des abîmés de la vie, ceux qui n’intéressent personne. . Il y a quelques longueurs mais c’est écrit avec tellement d’aisance – Valérie Perrin est aussi scénariste – que cela ne plombe en rien la lecture. On passe par une palette d’émotions, du rire aux larmes, façon montagnes russes. Si vous ne l’avez pas lu, embarquez-le dans votre valise, plaisir garanti.
Changer l’eau des fleurs, Valérie Perrin, Le Livre de poche, éditions, 9,65 €.