Chaque vendredi, Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres, réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et ses rencontres d’auteurs, d’ici ou d’ailleurs.
Vous avez aimé
Un heureux événement, Eliette Abécassis
Vous grimacerez avec Personne n’a peur des gens qui sourient
Un matin, Gloria fait ses valises dans l’urgence et quitte le Sud de la France pour l’Alsace. Elle passe prendre ses deux filles qu’elle élève seule et fuit on ne sait pas quoi. Certainement un homme. Ou un passé trouble. Stella vit les troubles de l’adolescence et Loulou a la candeur des enfants de six ans. Tout quitter pour un avenir incertain dans un village alsacien, pour se donner la chance d’une vie meilleure. Oui, mais avec un Beretta à portée de main.
L’extrait
Il faut dorénavant s’attacher aux choses minuscules, aux figures des lézardes sur le sol, à la tramontane qui fait ondoyer le faîte des arbres, aux carreaux froids et bleus de la cuisine, aux draps blancs en coton si usé qu’on croirait des ailes de libellule, aux ravines remplies de poussière derrière les meubles, au mouvement des nuages, au raffinement de cette tasse en porcelaine avec son ébréchure sur le bord, il faut s’attacher aux détails, parce que leur multitude, avec un peu de chance, fera apparaître un grand motif plein de sens.
Entre les lignes
Un portrait de femme libre, de mère de famille prête à tout pour protéger ses enfants. Une écriture dense qui raconte les petites choses de la vie avec un sens du détail bien décrit et l’émotion juste. On remonte le temps en flash-backs pour comprendre l’enfance qui a modelée Gloria et en a fait une révoltée au sourire désarmant mais ambigu. J’ai lu ce roman avec plaisir, mais il ne m’a pas embarquée comme l’avait fait Ce que je sais de Vera Candida.
Personne n’a peur des gens qui sourient, Véronique Ovaldé, J’Ai Lu éditions, 7,20 €.