Louis Vuitton, c'est une histoire de famille qui commence à Asnières, dans un espace maison-atelier. Sa narration est ainsi mise en scène et se tourne vers l'avenir, à travers un projet : Asnières | La Galerie. Un lieu légendaire, ouvert une seule fois par an, uniquement sur invitation. Bazar y était: reportage exclusif au centre de l'expertise et au fil du savoir-faire
Bienvenue dans l’antre de la famille Vuitton depuis 1859, Asnières-sur-Seine, à quelques kilomètres du centre de Paris. Cinq ans après le début de son activité parisienne, Louis Vuitton se sent à l’étroit dans ses ateliers de la ville. Il décide alors de s’établir à Asnières. C’est le début d’une histoire entre travail et vie de famille. À la fois maison de famille au look Art nouveau et berceau du savoir-faire grâce à l’atelier toujours en action, Asnières | La Galerie raconte l’histoire de ce lieu exceptionnel. En bordure de Seine, le site permet une facilité de livraison des stocks de peuplier nécessaires à la réalisation des malles. Le transport se déroule par voie d’eau, sur une péniche siglée Louis Vuitton. Le chemin de fer dont le terminus se trouve Gare Saint-Lazare est à quelques pas de la maison. Un endroit stratégique qui va peu à peu devenir mythique.
Homme de son époque à l’esthétique foisonnante, Louis Vuitton fait construire ses ateliers dans le style Eiffel, en verre et fer. Selliers, menuisiers, gainiers et serruriers travaillent ensemble pour créer et réaliser des bagages de choix. Un savoir-faire d’exception des artisans d’Asnières qui perdure… les pièces phares comme les malles à structure rigide, les modèles en cuir ou les commandes spéciales sont encore réalisées dans les ateliers d’époque, avec un subtil mélange d’innovation technique et historique.
Exercicepratique
Le savoir-faire se transmet et l’histoire continue, avec cette exigence d’excellence dans la réalisation du plus petit détail de la maroquinerie. Les artisans des ateliers Louis Vuitton sont animés par un feu sacré de l’esthétique insufflé il y a plus d’un siècle. Une dimension technique qui laisse place à la magie de la réalisation.
Ce patrimoine exceptionnel, ce savoir-faire légendaire devaient absolument trouver un écrin pour perdurer et continuer à se moderniser. La fibre collectionneuse de la maison au monogramme est une chance. Une mine d’or d’environ 200.000 documents dans lesquels s’est plongée Judith Clark, commissaire de l’exposition Asnières | La Galerie. Entre effets personnels de grands aristocrates, princes, maharajas ou vedettes du cinéma, la galerie se veut un lieu de découvertes où le passé se tourne vers l’actualité.
Jeu duPatéki
Asnières | La Galerie est lieu de découvertes. Un lieu où le concept de musée ne peut rester figé. La scénographie se veut dynamique, révolutionnaire mais toujours inspirée des archives. Pour ces vitrines atypiques en bois de peuplier, matériau utilisé également pour créer les malles, le concept provient d’un jeu inventé par Gaston-Louis Vuitton, petit-fils de Louis : le jeu de Patéki. Toujours dans cette recherche d’insuffler une modernité esthétique, Judith Clark décide de s’entourer d’autres artistes-artisans pour imaginer une énergie moderne qui aurait sans aucun doute plu à Louis Vuitton.
En entrant dans Asnières | La Galerie, une pièce d’envergure interpelle le regard. C’est une toile tendue, avec un certain relief. L’envie de la toucher est forte mais le lieu inspire le respect. Il s’agit de « The Ethics of Dust », une oeuvre de l’artiste Jorge Otero Pailos, un architecte espagnol à la formation américaine. Lors des travaux de rénovation de la maison Vuitton, il a tendu des bâches pour recueillir les débris du temps. Ces souvenirs de pierre et de ciment sont venus se coller à la toile pour donner cet effet de texture et de couleur.
Des mannequins jouent la carte de la silhouette ancienne/actuelle, un manteau datant des années 1900 est positionné juste à côté d’une silhouette de la collection automne-hiver 2014/2015 de Nicolas Ghesquière, dernier directeur artistique de la Maison Vuitton. Le bois de peuplier et le métal structurent le propos, une métaphore scénographique qui répond à la structure même des malles qui ont fait la notoriété de Vuitton. Le résultat donne un ensemble cohérent, réfléchi, harmonieux mais aussi suggéré dans les détails.
Un peu plus loin, le regard vagabonde dans cet espace ludique où se mélangent malles d’exception, silhouettes, bagages, objets. Des créations issues d’une impression en 3D font revivre les stands Louis Vuitton lors de diverses expositions. Des croquis de monogrammes répondent aux correspondances anciennes et actuelles des différents protagonistes de l’histoire Vuitton, de Gaston-Louis Vuitton à Nicolas Ghesquière. Une balade riche, inattendue, dynamique où l’avant-garde reste la marque de fabrique.
À l’étage, l’univers de la mode est mis à l’honneur. Entre les bagages choisis, les silhouettes ont la part belle. L’histoire de la mode créative Vuitton est sublimée grâce à une scénographie établie par tableaux. Les robes de Marc Jacobs, directeur artistique de Louis Vuitton de 1997 à 2013, se parent des créations de plumes de tête, oeuvres de Stephen Jones. Le sac Faux-Cul de Vivienne Westwood en monogramme trône sur le postérieur d’un mannequin, une vitrine reprend les différents modèles et couleurs de sacs. Tant d’images, de cuirs, de tissus, de couleurs et de coupes qui révèlent l’identité multiple de l’esthétique Vuitton.
Louis VuittonBruxelles
Le dernier tableau montre un défilé en mouvement, une projection sur un mur blanc et les dernières silhouettes de la collection automne-hiver 2014/2015 de Nicolas Ghesquière pour Louis Vuitton. Une jolie mise en abîme qui montre que la marque au célèbre monogramme, du haut de ses 160 ans, est résolument tournée vers l’avenir, la création, l’innovation et l’excellence. Autant de valeurs défendues et parfaitement mises en scène dans Asnières | La Galerie. Cet espace exceptionnel où le savoir-faire utilise le temps comme un allié sera ouvert uniquement lors des Journées du Patrimoine ou sur rendez-vous.