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SYNTHESES
MARIE SORDAT

Cilou de Bruyn -

C’est un voyage sans paysage. Un voyage en noir et blanc au pays des émotions. Tout file, tout flou, comme une quête perpétuelle de l’instant magique, triste ou joyeux, mais surtout intense. Un regard décalé, sur ce que Marie Sordat voit, et sur elle-même.

 

©Marie Sordat

 

Cela n’a rien à voir avec la beauté, la beauté n’a aucune importance. Cela a à voir avec la magie. La beauté, ce n’est pas quelque chose que je poursuis, bien que ce soit peut-être un peu hypocrite aussi, parce que, bien sûr, ce que je considère comme beau, j’ai envie de le montrer aux autres. Mais ma notion de beauté est plutôt liée à cette notion de magie. C’est de l’ordre de l’amour ou de ce genre d’émotions fortes. Chaque photo ‘réussie’, c’est de la magie. Parce qu’il y avait tellement de chance de ne pas pouvoir la faire, que ce soit technique ou temporel.

 

Qui est MARIE SORDAT

 

 C’est difficile pour moi de parler de mes images ou de voir des gens qui en parlent parce que ça révèle beaucoup. C’est ma manière de me protéger et en même temps d’exprimer. Avec EMPIRE, je me mets à nu alors qu’en même temps rien n’est dit de façon explicite. Pour moi, ça reste quelque chose de violent et libérateur, de me montrer comme ça, en masse. Il y a presque une impudeur, car ces images sont référencées par rapport à mon histoire personnelle, elles ont été difficiles à faire.

 

©Marie Sordat

 

Souvent, les gens qui se font photographier dans la rue, finalement quelque part le savent bien. On voit bien quand quelqu’un donne quelque chose, ce n’est pas innocent non plus. Parce que malgré tout, on a beau se sentir protégé derrière son appareil photo, c’est quand même énorme ce qu’on est en train de faire. On va très près, les regards se croisent et il se passe quelque chose. Si l’autre accepte c’est comme une sorte d’accord mutuel, c’est très étrange comme rencontre, d’ailleurs. C’est parfois dur de demander à un proche de poser pour soi. Ce sont des émotions très différentes. Il y a évidemment des nœuds qui n’existent pas quand on prend des gens inconnus. Ce n’est pas la même mise en danger, ce sont deux dangers différents.

 

Pendantou après

 

©Marie Sordat
Je suis tout le temps en train de faire des images, même si je n’ai pas l’appareil. Cadrage et capter l’émotion: les deux. Toute une partie de ces photos imaginaires que je stocke sur mon disque dur personnel, mon cerveau, toutes ces images que j’ai ratées, que je n’ai pas faites avec un appareil mais que j’ai faites avec mes yeux m’obsèdent au point de revenir parfois des années plus tard à certains endroits. C’est un peu obsessionnel, en fait.

 

©Marie Sordat
Je me lève tôt le matin, je mets de la musique sur mes oreilles – ça m’évite la peur de devoir rentrer en contact avec la ville – et puis je me promène toute la journée. Je ne mange pas, et puis à un moment il est 20 heures, je suis épuisée, je n’ai plus de pellicule et je rentre, je dors et je recommence le lendemain matin. C’est une chasse à courre. J’aime bien aller derrière la rue qui n’est pas accueillante, et encore la rue derrière pour voir ce qui s’y passe. J’ai peur mais j’y vais.

 

©Marie Sordat
Les choses les plus difficiles à conquérir sont toujours celles qui nous apportent le plus de bonheur. C’est beau d’aller chercher les choses, malgré la fatigue, le découragement et les angoisses, ça tient en vie. Ces exaltations ne font par partie de la vie courante.

 

actuà voir

 

Si vous pouviez passer une semaine avec un photographe, ce serait qui ?
Une semaine dans le camping de Mario Giacomelli à la fin de sa vie.