Avec la tendance slow, la lenteur se conjugue partout: sur la piste de danse, dans l’assiette, au travail et même dans le lit ! On va et on vient d’accord, mais on ralentit le rythme !
Slow sex
Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Jean de La Fontaine était-il été, sans le savoir, un chaud partisan du Slow sex ? Trois siècles plus tard, sa maxime prend en tout cas une signification nouvelle est pour tout dire plus polissonne que les mésaventures du lièvre face à la tortue. Puisant ses racines dans le mouvement Slow Food et surfant sur le tantrisme, le Slow Sex prône en effet plus de lenteur dans nos vies amoureuses. Fini le speed dating, terminé le câlin vite fait sur la table du salon, oublié les charges héroïques et néanmoins légères des hussards du sexe. Place à la dégustation, aux caresses qui se prolongent indéfiniment, à la grande communion des corps, des âmes et des petites culottes.
Décélération érotique
Un des initiateurs de cette révolution sexuelle est le Canadien Carl Honoré, auteur du livre Éloge de la lenteur. Pour cet émule du carpe diem version non expurgée, la société actuelle est devenue obsédée par la vitesse et la performance. Ce culte du toujours mieux, toujours plus vite et toujours plus hard, aurait même contaminé les rapports intimes. Du coup, le sexe a beau être omniprésent, on passe de moins en moins de temps à le pratiquer. Zut alors ! Pire, notre vie sexuelle se serait, elle aussi, transformée en course à la performance, reléguant du même coup romantisme et rapports humains au placard. En matière de sexe, affirme, Carl Honoré, nous sommes aujourd’hui conditionnés à privilégier la destination, à savoir l’orgasme, au détriment de tout ce qui se passe avant et après, c’est à dire le voyage, l’échange amoureux. Heureusement, il y a une solution : RA-LEN-TIR. Privilégier, selon les mots d’Alberto Vitale, pape du Slow Food, la décélération érotique pour sauver les rapports amoureux de la frénésie insensée de notre monde fou et vulgaire. Retrouver aussi le plaisir d’une sexualité plus authentique, où chaque partenaire prend le temps d’explorer le corps de l’autre, de respirer à l’unisson en se regardant les yeux dans les yeux.
Pire qu’avant ?
Faire l’amour plus souvent et mieux ? On est pour, bien sûr. Ce qui n’empêche pas de remarquer quelques petites incohérences dans ce que disent les adeptes du Slow Sex. L’idée de performance est-elle par exemple si moderne que cela ? Après tout, les aphrodisiaques sont vieux comme le monde. Et fait-on vraiment aujourd’hui moins et moins bien l’amour qu’hier ? Moins stressés, mais sans doute tout aussi fatigués, nos ancêtres paysans, qui représentaient tout de même 90% de la population, ne devaient guère consacrer plus de temps que nous aux préliminaires et aux tête-à-tête romantiques et langoureux ! Et puis, vitesse et épanouissement sexuel ne sont pas nécessairement incompatibles. Ce qui compte, c’est l’envie du moment et la satisfaction que l’on en tire. Moralité: slow ou pas, vive le sexe !
A lire :
Éloge de la lenteur. Carl Honoré. Marabout. 12 €.
Le slow sex. S’aimer en pleine conscience. Diana Richardson, Anne Descombes, Jean-François Descombes. Marabout. 6,50 €.
Plus d’anecdotes dans le livre Les Erotiques de l’histoire, Didier Dillen, éditions Jourdan, 15,90 €. Disponible sur notre Bazar Store
Lisez aussi L’histoire amoureuse des Belges, Didier Dillen, éditions Jourdan, 17,90 €. Disponible sur notre Bazar Store.
Retrouvez toutes les semaines la rubrique MetroBoulotSexo, un regard espiègle et toujours bien documenté sur ce qui se passe généralement sous la ceinture, par Didier Dillen du blog Love,Sexe etc
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